Le texte ci-dessous fait partie des articles que Saïd Hajji faisait publier par les organes de presse de l'orient arabe - 3 janvier 1933
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Depuis que le pouvoir politique s'est établi au Maroc, sa souveraineté et son indépendance ont été préservées, comme c'était rarement le cas dans les pays voisins. Notre civilisation qui remonte à 1200 ans a connu un processus de développement difficile à déterminer. Entre l'Etat arabe d'Andalousie, l'Egypte et l'Asie Mineure d'une part, et l'Etat marocain d'autre part, il y avait une grande rivalité dans les domaines littéraire et scientifique ainsi que sur le plan militaire.
Bien que l'Empire Ottoman ait conquis une grande partie du monde musulman, il n'a pas pu étendre sa domination à notre pays qui était l'Etat le plus fort de la région, voire de cette rive de la Méditerranée, ayant triomphé de toutes les armées qui ont infligé des défaites aux autres pays voisins. C'est ainsi que le Maroc a préservé sa jeunesse et sa vivacité jusqu'au début du 17ème siècle qui a vu l'émergence de la civilisation européenne et son rayonnement dans le monde.
Depuis cette époque, notre Etat a traversé des phases de faiblesse avec des périodes intermittentes de reprise de vitalité pour s'adapter à l'air du temps et au rythme de son évolution. Mais ces sursauts n'avaient pas pour origine une circonstance violente qui aurait incité le peuple à se défendre dans des combats qui lui auraient été imposés; ils étaient purement et simplement l'émanation du bon vouloir du prince ou de la volonté des gouvernants. Nous avons choisi la voie de la faiblesse et de l'inertie; nous étions paresseux à renouveler nos forces, malgré les conditions qui nous étaient favorables.
Finalement, l'acte d'Algésiras a scellé notre sort, donnant l'occasion aux étrangers d'intervenir dans nos affaires intérieures d'une manière effective et directe. Le pays a vécu dans l'insécurité pour des raisons qu'il serait trop long d'exposer ici, mais dont la plus importante, sans aucun doute, était la fréquence des complots ourdis à partir de l'étranger pour fomenter les troubles et profiter des situations qui en résultaient. En 1912, le protectorat français a été imposé au Maroc, mettant un terme à plusieurs siècles d'indépendance et de souveraineté.
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Ce n'est pas le lieu ici de commenter les circonstances qui ont entouré la signature du traîté du protectorat ni d'exposer comment le Roi du Maroc a été assiégé par l'armée française dans son palais de Fès, mais ce qui me paraît plus digne d'intérêt c'étaient ces mains qui agissaient dans l'ombre et qui tiraient les ficelles de tout ce qui se passait.
Il y avait des groupements qui couraient derrière des intérêts divers. Certaines personnes ont été trompées et ont commencé à collaborer avec l'étranger, en se révoltant contre le pouvoir établi avant l'arrivée du protectorat. Un autre groupement de nationaux a bien saisi les visées de toutes ces manoeuvres et s'est mis à les combattre avec tous les moyens dont il disposait, mais ses efforts n'ont pas abouti aux résultats qu'il en escomptait.
Au demeurant, ce qui nous intéresse ici est l'esprit patriotique qui a animé une fraction de la population de ce pays et l'a incitée à se défendre contre l'occupation étrangère et à prendre conscience de son identité nationale. Son intervention a failli être couronnée de succès. Si cet esprit avait pu être encadré par un leader éminent comme Abdelkrim, notre sort aurait pu être scellé autrement.
Les circonstances étaient l'assistant auxiliaire du colonialisme, qui a permis l'occupation rapide du pays, au point où un représentant des forces d'occupation a déclaré que les Français s'imaginaient que "la pacification du Maroc" allait durer une trentaine d'années, mais elle a en fait été parachevée en trois jours.
Ceci s'explique par le fait que les Français avaient des espions partout qui les renseignaient sur les difficultés que les Marocains devaient affronter et leur fournissaient des informations précises sur l'élan patriotique et l'esprit de résistance qui les animaient chaque fois qu'ils devaient se confronter avec les forces de la puissance coloniale.
Les nouveaux maîtres étaient redevables de leur succès aux circonstances qui les ont aidés dans leur entreprise ainsi qu'à un certain nombre de nationaux peu scrupuleux qui leur ont facilité la pénétration du pays et que l'adminitration coloniale a du reste bien récompensés par la suite.
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Le groupement des nationalistes a continué de résister à l'occupant étranger, mais celui-ci est venu rapidement à bout de cette résistance en recourant à plusieurs moyens. Celui dont la foi patriotique était chancelante s'est vu accorder une rétribution pour services rendus et attribuer une fonction rémunératrice. En revanche, celui qui croyait fermement aux principes patriotiques était pourchassé et sévèrement réprimé.
Puis, on a assisté à la nomination à la tête de l'autorité du protectorat d'un homme à qui la France était redevable du renforcement de son implantation au Maroc. Il s'agissait du maréchal Lyautey, politicien averti s'il en fût, qui a vite saisi que ceux qui résistaient à la pénétration coloniale n'avaient aucun intérêt personnel à défendre et, afin de réconforter le peuple qui venait de perdre son indépendance et se voyait soumis à une autorité étrangère, a adopté une politique d'amitié et de ruse dans laquelle il a excellé, de l'aveu des Marocains eux-mêmes qui s'accordaient à reconnaître qu'il a rempli sa mission à la perfection et avec beaucoup de tact et d'intelligence.
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Peu de temps après, la guerre mondiale a éclaté, obligeant la France de retirer ses troupes de notre pays. Les Marocains ont pu enfin respirer et ont commencé à entrevoir l'approche de la délivrance du mal dont ils étaient atteints, convaincus qu'ils étaient que la victoire reviendrait à leur allié, l'Allemagne, qui avait soutenu leur indépendance. Ils étaient fort intéressés par cette guerre, en suivaient les péripéties et les évènements et ne doutaient pas un seul instant de la défaite de l'occupant étranger qui a imposé le traîté du protectorat au Maroc.
Malgré tout ce dont le maréchal a fait preuve de ruse et d'ingéniosité avec les fêtes marocaines qu'il organisait et l'habileté peu commune qui lui permettait d'arriver à ses fins, il n'a pas réussi à attirer un seul Marocain vers lui, pendant que les villes étaient investies par les Germains et entraient en leur possession. Les autorités françaises organisaient des fêtes célébrant leur prétendue entrée à Berlin. Tandis que le gouvernement français s'est déplacé à Bordeaux, on débitait des discours de Lyautey au peuple marocain, promettant la libération de la France et le recouvrement de sa dignité quand elle sortira victorieuse du conflit.
C'est ainsi que la guerre et ses "beaux jours" se sont écoulés dans notre pays. Nous n'avons jamais été convaincus de ce que Lyautey nous faisait miroiter. Nous accueillions ses discours comme un divertissement en attendant l'arrivée de "Hadj Guillaume". Les nationalistes ont pensé que le moment était opportun de tirer profit de la guerre, mais l'autorité coloniale est arrivée à bout de toutes leurs tentatives après avoir saisi la gravité de la situation et pris toutes les mesures pour mettre un terme à leurs agissements.
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Lorsque la guerre a pris fin, aucun Marocain ne croyait que l'Allemagne était vaincue et n'ajoutait foi aux communiqués qui étaient diffusés sur la victoire des alliés. Rares étaient ceux qui étaient informés sur le déroulement des opérations militaires qui ont conduit à la défaite de l'Allemagne et à la victoire de la France.
Les Marocains attendaient que la France tînt les promesses faites par Lyautey pendant la guerre de reconnaître les droits politiques et sociaux qu'ils réclamaient, mais ils se sont vite rendus compte que les déclarations du maréchal n'étaient que des promesses de gascon qui les ont induits en erreur et leur ont fait perdre l'occasion de réaliser leurs aspirations à l'indépendance et à la dignité. Ils ont été outrés et ont ressenti une profonde rancoeur contre l'occupant qui n'a même pas attendu quelques années après la fin de la guerre pour commencer à exécuter le programme dont il avait dressé les plans.
Le système fiscal a été aggravé par le renforcement des impôts existants et l'introduction de nouvelles impositions encore plus exorbitantes que les précédentes. Celles-ci n'ont pas été appliquées d'un seul tenant dans toutes les villes du Maroc. Elles ont reçu un début d'exécution à Rabat, la capitale, où les contribuables ont élevé de très vives protestations et se sont rassemblés en plusieurs délégations dans l'enceinte de la grande place du Méchouar attenante au palais royal.
L'autorité gouvernementale n'a pas tardé à prendre les mesures pour calmer les esprits. Elle s'est occupée, du moins en apparence, de cette question qui était à l'origine du soulèvement populaire. Mais le mouvement de protestation ne s'est pas arrêté pour autant, et les dirigeants de ce mouvement ont fini par être exilés. C'était le premier choc entre les nationalistes et l'appareil répressif de l'Etat.
Puis, c'était la guerre kémaliste qui tournait à l'avantage des Turcs dans leur confrontation avec les Grecs. Les Marocains ont pris fait et cause pour Mustafa Kémal et se sont même portés volontaires pour aller combattre à ses côtés. Mais le pouvoir s'est opposé à leur élan et ils ont été désillusionnés par la partialité des Français, bien qu'ils leur aient promis monts et merveilles dans les déclarations faites par les responsables de l'administration du protectorat pendant le conflit.
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Au lendemain de la guerre, on n'entendait plus que plaintes et protestations à travers tout le pays, dénonçant les changements intervenus dans la politique française qui visaient désormais à intimider les Marocains par la terreur et les menaces de recours à la force armée. Cette politique n'a pas manqué d'avoir un certain effet sur les âmes simples et obséquieuses, mais n'a fait, en revanche, qu'attiser davantage la flamme de l'esprit patriotique dans les milieux nationalistes.
La couardise dont a fait preuve une partie de la population portée à la soumission au pouvoir des Français a commencé à s'infiltrer dans certains milieux de l'autre partie des Marocains qui ne s'est pas laissée intimider par la politique de répression. Mais les dirigeants du Mouvement National ont vite pris les devants pour arrêter le courant de cette infiltration qui a gagné une fraction de l'opinion publique et, conscients du climat d'oppression qui les étouffait, ils ont décidé de poursuivre la lutte jusqu'à la libération du pays.
Nous ne divulguons aucun secret en disant que les deux courants étaient mus par le même sentiment patriotique. Le courant qui a accepté de se soumettre à l'autorité de la puissance protectrice n'a pas failli à son devoir de solidarité vis-à-vis du mouvement qui était engagé dans la lutte. L'histoire se chargera de documenter la contribution de la partie de l'opinion apparemment soumise à l'autorité de l'occupant à l'effort de lutte déployé par la partie insoumise.
Chaque acte de résistance à l'autorité coloniale était répercuté sur l'ensemble du pays. Les Marocains se ruaient sur les nouvelles et les suivaient avec beaucoup d'attention et de ferveur. Puis, une personnalité que le Maroc attendait depuis plusieurs années, s'est mise à la tête du combat.
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La guerre d'indépendance du Rif a exercé une double influence sur les esprits: la première sur le plan de son importance; la seconde quant à son intensité. Ceci est particulièrement visible lorsqu'on compare la situation du Maroc avant et après la guerre du Rif. Le pays a failli capituler devant l'occupation étrangère, mais cette guerre a rallumé la flamme patriotique et porté les Marocains à se convaincre que, quelle que fût la force de l'ennemi, avec son armée, son matériel sophistiqué et la flotte dont il disposait, il ne pourrait jamais triompher de la foi d'un peuple luttant pour ses droits légitimes. Si la guerre du Rif n'a pas abouti à la victoire escomptée, l'âme marocaine, elle, y aura trouvé l'élan nécessaire pour pouvoir inscrire sur les registres de l'histoire qu'une profonde mutation était intervenue dans l'esprit patriotique de la nation.
Les évènements du Rif ont été suivis avec la plus grande attention, ce qui était tout-à-fait normal. Mais, ce qui l'était beaucoup moins, c'était qu'il n'y eut pas eu de soulèvement général à travers tout le pays contre les forces d'occupation. Nous avons cherché en vain à comprendre le secret de cette passivité, convaincus que nous étions que notre histoire nationale était exempte d'une telle déshonorante ignominie, dont notre milieu s'était rendu coupable pour n'avoir pas saisi l'occasion de cette guerre patriotique pour porter un coup décisif à la tyrannie de la domination étrangère. A quoi celà servait-il que, pendant les jours terribles de la guerre, les Marocains se limitaient à pousser des gémissements, à attendre que nos combattants aient le dessus sur les forces de l'ennemi, à en faire l'objet de leur conversation quotidienne et à en tirer un titre de fierté? Le devoir national eût exigé, au contraire, de prendre les armes. Quelle innommable gabegie d'avoir laissé passer l'occasion qui nous était offerte, mais, hélas!, comme on aurait raison de nous faire dire: "notre histoire nationale se répète"
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Avec la cessation des hostilités dans les montagnes du Rif, le rôle du combat armé a pris fin. Le combat politique lui a succédé, ayant comme objectif d'éveiller la fibre patriotique dans toutes les couches sociales et être une source de lumière qui éclaire le chemin dans les circonstances malheureuses que traverse la nation. Les Français qui n'étaient pas sans savoir la fermeté des Marocains et leur attachement à leur pays se sont hâtés de penser aux moyens de combattre l'esprit de tourmente et de révolte hérité de la guerre du Rif. Ils sont arrivés à la conclusion, avec à leur tête le résident général Steeg, que le moyen le plus simple de contrecarrer le mouvement de révolte était de semer la terreur dans le pays avec le recours à la force armée et à la répression.
Mais, cette politique n'a pas abouti au résultat que la puissance coloniale escomptait. Elle a, au contraire, renforcé la détermination des Marocains et attisé la haine qu'ils portaient aux milieux colonialistes. Ceux-ci ont cherché à approfondir leur politique d'intégration, et les études faites dans ce sens ont abouti à ce qu'il était convenu d'appeler "la question berbère". Ces études ont été entamées de longue date, et leur mise en oeuvre a été planifiée d'une manière irréfléchie et peu sérieuse au vingtième siècle.
Le fossé ne faisait que se creuser davantage entre la population marocaine et l'autorité coloniale. Les protestations gagnaient tous les milieux en raison des libertés que l'occupant prenait avec les nationaux et de la tyrannie qu'il exerçait sur eux. Tout le monde était agacé par cette politique qui ne laissait plus d'autre choix que la confrontation permanente avec l'ennemi et l'organisation d'un soulèvement explosif. Les doléances présentées au gouvernement demeuraient sans suite, l'administration du protectorat s'opposant - comme elle l'a toujours fait - à toute tentative visant à améliorer la situation du peuple, pour montrer sa force oppressive.
L'expérience montre que l'occident persiste dans sa politique de répression aussi longtemps qu'il constate une soumission apparente de la population au pouvoir colonial. Celui-ci fait pression sur les libertés publiques et privées et exerce une oppression abominasble sur le paysan. Il encourage l'injustice afin de réprimer les sentiments et procède à la division du pays, à son éloignement du monde de l'Islam et de l'arabité, à son rangement sous la bannière tricolore et à son évangélisation.
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Ceci est incompatible avec l'esprit nationaliste. Aucune personne consciente de sa dignité ne peut le tolérer. Quel est ce Marocain qui ne ressent pas au fond de lui-même cette irrésistible aspiration à la dignité? Sans elle, le pouvoir colonial n'aurait eu aucune difficulté à l'intégrer dans ses rangs. Gare à toi, nation marocaine. Méfie-toi de ces agissements qui sont le pis qui puisse t'arriver. Débarrasse-toi de cette poussière de silence pour que les Français se rendent compte de ton existence.
La question berbère est la cause directe du mouvement de révolte que nous constatons aujourd'hui au sein de la nation. C'est elle qui a levé le voile sur les véritables intentions de l'occupant qui n'étaient jusque-là exprimées que de manière théorique. Jamais l'idée ne nous aurait effleurés que des concepts d'une telle gravité, qui étaient consignées comme le fruit de simples réflexions émises par des théoriciens du colonialisme pouvaient entrer en exécution, et que les Français n'allaient s'embarrasser d'aucun scrupule pour arriver à leurs fins, quitte à recourir à des moyens susceptibles de porter gravement atteinte à leur réputation dans le monde.
Les Marocains ont apporté la preuve qu'ils rejetaient en bloc la politique berbère malgré tous les efforts déployés par l'occupant pour les amener à en accepter le principe. Ils ont éprouvé une très vive indignation, qui n'était pas seulement celle d'une majorité d'entre eux, mais qui exprimait les sentiments de tout un peuple en colère. La question reste de savoir si l'autorité coloniale va se résoudre à reconnaître la faute qu'elle a commise et faire marche arrière après les vagues d'indignations et le tollé de protestations auquel la question berbère a donné lieu. C'est ce que nous ne pensons pas.
Nous ne devons pas nous leurrer et nous imaginer que les responsables de l'administration du protectorat vont se laisser dissuader de cette idée qui revient comme un leit motiv dans tous leurs discours et leurs écrits, qui a été mûrie de longue date et étudiée sous tous ses aspects, du seul fait que les Marocains l'ont rejetée et combattue.
La vérité qui ne souffre aucune contestation est que l'autorité coloniale ne reviendra sur sa décision que si elle voit un réveil total du peuple et un intérêt irrésistible porté à cette question, appuyé par des vagues de protestation et une très forte résistance à travers tout le pays, chaque fois qu'elle entend mettre en pratique une quelconque modalité d'exécution de l'idée berbère.
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L'orientation de notre esprit patriotique que nous entendons défendre de toutes nos forces est la conservation de notre identité nationale et de notre entité étatique jouissant de ses droits sacrés et se réconciliant avec son histoire florissante. Chaque Marocain doué d'un tant soit peu de fierté saisit l'importance de la responsabilité qui pèse sur ses épaules et est disposé à tous les sacrifices qu'exigent le recouvrement de la souveraineté de son pays et la reconquête de la liberté.
Un seul regard sur l'une des pages glorieuses de notre histoire nationale nous éclaire sur ce que nous devons entreprendre comme action et engager comme lutte à l'avenir. Ce regard est à lui seul susceptible d'ouvrir devant les pessimistes toute grande la porte de l'espoir et leur faire entrevoir l'épanouissement futur de notre nation condamnée à réaliser son aspiration à l'indépendance. De même, un seul regard sur l'évolution de l'esprit patriotique des nationaux depuis deux ou trois ans nous renseigne sur les disponibilités naturelles des Marocains à ne pas esquiver le combat national, et met à l'évidence que notre peuple en a assez d'endurer ce qu'on lui fait subir, et que seuls pourraient le secourir les hommes actifs et les patriotes qui se sacrifient pour la cause nationale.
Aussi allons de l'avant, avec la bénédiction de Dieu.