Source: Documents extraits des archives de l'administration française au Maroc déposées au Centre d'Archives de Nantes.
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Lettre du 28 août 1930 au pacha de Salé accompagnant la pétition destinée à S M le Roi, au Gouvernement Français et au Résident Général de France à Rabat
Les membres de la délégation de Salé dont les noms sont précisés en marge ont l'honneur de solliciter l'autorisation de représenter la ville de Salé à l'audience qui sera accordée par Sa Majesté le Roi au sujet de la question berbère et d'avoir le privilège de remettre au Souverain la pétition dont ci-joint copie pour votre information
Signé: Abou bakr Zniber, Ahmed Hajji, Mohammed Talbi
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Note politique confidentielle au sujet du commerce anglais au Maroc
Sidi Ahmed Hajji de Salé s'est entretenu avec l'ancien consul général de Grande Bretagne à Rabat, au sujet de la mévente des produits anglais et lui a remis un rapport à ce sujet.
Ce rapport avait fait l'objet d'un examen de la part du Cabinet de Sa Majesté britannique.
Le nouveau consul général aurait prié sidi Ahmed de rester en relations avec lui et l'aurait fait convoquer à Tanger où il est allé dernièrement pour y avoir une conférence avec des autorités britanniques locales.
A la suite des indications fournies par sidi Ahmed, le gouvernement anglais aurait l'intention de réduire ses importations de tissus, qui ne peuvent plus supporter la concurrence japonaise, pour les remplacer au Maroc par des importations massives de sucre destinées à concurrencer les importations françaises de ce produit qui se font encore à des taux très élevés.
No 4195Scc/I - Rabat, le 1er septembre 1934 -
Copie transmise à Mr le contrôleur civil, chef de la région de Rabat, pour information
Région de Rabat - No 799 PIR -
Copie transmise à Mr le contrôleur civil chef de la circonscription de Salé pour information, avec prière de me fournir tous renseignements relatifs à la nouvelle activité commerciale anglaise dans votre circonscription - Le contrôleur civil, chef de la région de Rabat.
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Le contrôleur civil chef de la circonscription de Salé a Mr le contrôleur civil chef de la région de Rabat
Salé, le 5 septembre 1934
J'ai l'honneur d'accuser réception de votre transmission No 799 PIR du 3 septembre, relative à une éventuelle concurrence des importations françaises de sucre par le commerce anglais.
Ce projet semble avoir été dénaturé. En réalité si Ahmed Hajji a l'intention d'installer un grand magasin, rue Cherratine à Salé. Il limitera son commerce à la vente de tous produits anglais, tels que cotonnades, draps, argenterie ou simili argenterie, etc.
Il mettra à la tête de cet établissement ses trois fils, dont deux reviennent d'Egypte et un troisième de Paris. Si Ahmed Hajji a déjà accumulé dans un local lui appartenant une assez grande quantité de marchandises, et il attend l'occasion d'aménager un local suffisamment vaste pour ouvrir son commerce. Je ne crois pas d'ailleurs que l'ouverture de cet établissement s'effectue avant plusieurs mois.
J'ajoute qu'un des fils de si Ahmed Hajji est à Londres, à la tête d'un commerce d'objets marocains et que le chef de famille a l'intention d'effectuer des échanges avec les commerçants anglais auxquels il s'adressera pour l'achalandage de son commerce à Salé
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Elle regroupe le père de famille auquel il est reproché de s'adonner à des activités préjudiciables au commerce français et d'afficher des prises de position hostiles à la politique coloniale, son fils cadet Mohammed installé à Londres et ses plus jeunes enfants, Abdelkrim et Saïd, considérés comme les instigateurs du mouvement de protestation contre le dahir berbère.
Le commissaire divisionnaire à Mr le sous-directeur chef du service de la police générale à Rabat
objet: Réunion de nationalistes chez sidi Ahmed Hajji
Salé, le 11 février 1935
J'ai l'honneur de vous rendre compte que le 10 courant, vers 18 heures, les nationalistes Mohammed ben Hassan Elwazzani, Allal El Fassi, accompagnés de Mohammed Elyazidi, sont venus à Salé et se sont rendus directement rue Bab Hsaïn, chez le protégé anglais sidi Ahmed Hajji, où les attendait une dizaine de jeunes slaouis connus pour leurs sentiments francophobes, parmi lesquels Abderrahman et Saïd Hajji, Ahmed Maâninou, Mohammed Hassar, Mohammed Chemao et Abou Bakr Kadiri. Cette réunion s'est prolongée jusqu'à 23h30. Puis, Mohammed El wazzani et Allal El Fassi sont partis pour Rabat où ils se sont rendus 6, rue Sidi Kacem - Boukroun, en compagnie de Mohammed Elyazidi chez qui ils devaient passer la nuit en attendant de partir ce matin par le car à Tanger. L'objet de la réunion n'a pu être connu exactement; néanmoins, il aurait été longuement question de l'envoi d'une délégation marocaine à la Société des Nations à Genève, pour les frais de laquelle Mohammed Hajji, commerçant à Londres, dont les déplacements ont été signalés récemment par le poste-frontière de Arbaoua (à la limite des anciennes zônes française et espagnole du Maroc), et qui est parti de Salé vendredi 9 courant par car Minerva à destination de Tanger, aurait porté le montant assez important d'une collecte effectuée à Casablanca et Rabat parmi les éléments nationalistes de ces deux villes.
Ampliation transmise pour information à Mr le contrôleur civil, chef des services municipaux de Salé.
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Correspondance adressée par Abdelkrim et Saïd Hajji au chef riffain Abdelkrim
Bordereau d'envoi adressé le 5 décembre 1929 par le Ministère des Affaires Etrangères au Résident Général de France à Rabat, Mr Lucien Saint
Pièces communiquées:
Copie d'une lettre du Département adressée aux Colonies
Copie d'une lettre du Département adressée à Londres
Traduction française d'une lettre des nommés Abdelkrim et Saïd Hajji
Observations: Pour information et avec prière de me renseigner, si possible, sur les auteurs de la lettre à Abdelkrim
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Le Ministre des Affaires Etrangères à Mr le Ministre des Colonies (Service des Affaires Musulmanes)
Paris, le 5 Décembre 1929
Vous avez bien voulu me faire tenir, sous le No 323 du 25 novembre 1929, en original et traduction française, une lettre arabe adressée de Londres au chef riffain Abdelkrim et me demander, de la part du Gouverneur de la Réunion, si elle pouvait être remise à son destinataire.
En vous remerciant de cette intéressante communication, j'ai l'honneur de vous retourner ci-joint les documents qui en sont l'objet. J'estime tout à fait inopportun de remettre à Abdelkrim aucun document de ce genre, qui serait de nature à lui faire croire qu'il compte encore des partisans résolus au Maroc
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Le Ministre des Affaires Etrangères à Mr Urbain Blanc, Délégué à la Résidence Générale de France à Rabat
Paris, le 31 décembre 1929
Par bordereau No 2232 du 5 de ce mois je vous avais transmis la traduction d'une lettre adressée à Abdelkrim par deux Marocains habitant Londres.
J'ai l'honneur de vous adresser, ci-joint à toutes fins utiles, copie d'une lettre No 582 du 21 décembre 1929, par laquelle notre Ambassadeur à Londres me fournit les renseignements que je lui avais demandés sur la personnalité des signataires de la lettre dont il s'agit.
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Le Contrôleur Civil chef de la Circonscription de Salé à Mr le Contrôleur Civil chef de la Région de Rabat
En vous retournant ci-joint la lettre confidentielle de Mr le Chef du Service des Contrôles Civils No 12 S.C.C. du 4 janvier, j'ai l'honneur de vous donner ci-dessous les renseignements demandés sur les auteurs de cette correspondance et sur leur famille.
La famille Hajji est une famille notable de Salé alliée aux meilleures familles de la ville. Le père des jeunes correspondants d'Abdelkrim, Sidi Ahmed Hajji, homme de cinquante cinq ans environ, possède une fortune qui peut être évaluée à un million environ et représentée par des immeubles.
Parmi ces derniers, figure une importante construction européenne où était installée l'ancienne poste de Salé. Cet immeuble doit rapporter à son propriétaire un revenu mensuel approximatif de 5.000 francs.
Le chef de famille réside habituellement à Salé, mais il effectue annuellement au moins un voyage à Londres où il a installé un commerce d'objets marocains - anciens ou nouveaux - qu'on dit florissant. Sidi Ahmed Hajji a cinq enfants mâles:
- Abderrahman l'aîné, âgé environ de 30 ans, jeune turc, illettré en français, mais assez lettré en arabe. Célibataire. Sans aucun emploi. Hébergé par son père. Esprit remuant, toujours à la tête de tous les mouvements, promoteur de la mise en circulation à Salé d'une liste de souscriptions en faveur des musulmans de Jérusalem au cours des derniers évènements palestiniens. Visite très souvent l'ancien Vizir de la Justice, Chouaïb Doukkali. A fait de nombreux séjours à Londres où il n'est plus retourné depuis un an.
- Mohammed, âgé d'environ 26 ans, réside habituellement à Londres. C'est lui qui s'occupe du commerce installé dans cette ville par son père, et n'a plus reparu à Salé depuis plus d'un an. Passablement lettré en arabe, parle couramment l'anglais et suffisamment le français.
- Abdelmajid, âgé d'environ 22 ans. A fréquenté pendant quelque temps l'école des Fils de Notables de Salé, mais a quitté cet établissement pour compléter ses études musulmanes à Naplouse (Palestine). Parle un peu le français. Infirme, pied-bot
- Abdelkrim, âgé de 20 ans
- Saïd, âgé de 17 ans
Ce sont les auteurs de la lettre à Abdelkrim
Ont fréquenté l'école des Fils de Notables de Salé pendant deux mois. Ne disent que quelques mots français, mais parlent suffisamment l'anglais.
De retour d'Angleterre depuis une huitaine, se sont mis en instance d'obtenir un passeport pour être autorisés à rejoindre à Naplouse leur frère Abdelmajid et y compléter eux-mêmes leurs études musulmanes.
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Le Contrôleur Chef de la Région Civile de Rabat à Mr le Ministre Plénipotentiaire (Service du Contrôle Civil)
Rabat, le 15 janvier 1930
Comme suite à votre lettre No 12 S.C.C./ I du 4 janvier 1930, relative à une correspondance adressée à Abdelkrim, j'ai l'honneur de transmettre ci-joint copie d'une note de Mr Gabrielli, Chef des Services Municipaux de Salé, concernant l'identité, les attaches de famille et les antécédents des frères Abdelkrim et Saïd Hajji.
Ces deux jeunes gens appartiennent à une famille notable de Salé, alliée aux familles du pacha Si Mohammed Sbihi, Aouad, Hassar et Msattas. Le pacha de Salé et Si Ahmed Hajji sont mariés avec les filles de Si Msattas, notable de cette ville. Si Mekki Sbihi, frère du pacha, est l'époux d'une fille de Si Ahmed Hajji. Les deux fils aînés de ce dernier vont épouser deux filles Aouad.(Ce paragraphe que nous avons gardé tel quel contient beaucoup d'erreurs).
Abdelkrim Hajji s'est présenté à cette région demandant un passeport pour se rendre avec son frère Saïd à Naplouse où ils comptent poursuivre leurs études arabes dans une médersa qui leur aurait été recommandée à Londres. Dans cette dernière ville ils auraient séjourné environ deux mois; ils étaient élèves au "Marbel School".
Hajji Abdelkrim, interrogé au sujet de la lettre adressée à Abdelkrim a déclaré l'avoir rédigée dans les circonstances suivantes:
"A Londres se trouve une colonie musulmane assez importante comprenant en grande partie des Anglais convertis, des Hindous, des Egyptiens et quelques Marocains. En arrivant dans la capitale britannique, nous avons été mis en relations avec certaines personnalités musulmanes qui m'ont posé de nombreuses questions intéressant la situation sociale, politique et économique du pays. J'ai été surtout interrogé sur Abdelkrim et son action dans le Riff. Je n'ai pu leur fournir beaucoup de renseignements à ce sujet car, étant au Maroc,je ne m'étais pas interessé à cette question".
"J'ai remarqué chez tous les musulmans que j'ai fréquentés à Londres un fort mouvement de sympathie en faveur d'Abdelkrim. J'ai subi l'influence du milieu et, à l'instar de ce qu'ont fait la plupart de mes corréligionnaires de là-bas, j'ai rédigé la lettre que vous connaissez."
"Je regrette mon acte et en demande pardon au Gouvernement protecteur, car il émane d'un jeune sans expérience, qui a agi inconsciemment et a été trompé par les gens qu'il a fréquentés. J'appréhende le courroux qu'il provoquera chez mon père et les autres membres de ma famille qui ne manqueront pas de juger sévèrement ma conduite".
Abdelkrim est un tout jeune homme, mais il semble appartenir à cette catégorie de jeunes Marocains exaltés, qui sont à la merci de toutes les suggestions et qui voient dans la terre d'Islam d'Orient, le pays qui détient le monopole de la science islamique. C'est un agitateur en herbe qui mérite d'être surveillé.
D'ailleurs, au cours d'une visite qu'il me fit précédemment, Abdelkrim Hajji m'a déclaré avoir décidé d'aller s'instruire hors du Maroc parce que ses compatriotes recevaient dans leur pays une éducation défectueuse. Il a ajouté que le Gouvernement britannique et le Consul Royal d'Egypte à Londres lui avaient promis toutes facilités pour son installation avec son frère Saïd à Naplouse.
J'attends vos instructions pour la délivrance des passeports demandés
Signé: Peyssonnel
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Le Commissaire Résident Général de la République Française au Maroc à Mr le Ministre des Affaires Etrangères - Paris
Objet: Correspondance Abdelkrim - Réponse à 2434 (Copie non datée)
Votre Excellence a bien voulu me transmettre copie d'une lettre de notre Ambassadeur à Londres au sujet de deux jeunes Marocains, habitant cette capitale, auteurs d'une lettre à Abdelkrim. Je n'ai pas manqué de faire rechercher la filiation au Maroc de ces deux jeunes gens, leurs attaches de famille, dans le dessein de déterminer si leur initiative ne répondait pas à des fins politiques.
Par une circonstance heureuse, les deux jeunes correspondants d'Abdelkrim sont de retour d'Angleterre. Ils ont pu être interrogés.
Le compte-rendu ci-joint du Contrôleur Civil Chef de la Région de Rabat précise le caractère irréfléchi d'une initiative qui a eu, entre autres effets, celui d'alarmer une famille de Salé jusqu'ici convaincue de loyalisme à notre égard.
L'incident serait donc sans portée si les déclaratiions du jeune Abdelkrim Hajji ne soulignaient pas la mise en oeuvre d'une influence étrangère.
Ce jeune homme, en effet, déclare qu'il s'est trouvé à Londres dans un milieu d'Anglais convertis, d'Hindous, d'Egyptiens, de Marocains, où le chef rebelle du Rif rencontre une vive sympathie. L'influence de ce milieu l'a conduit, par esprit d'imitation, dit-il, à se manifester auprès de l'exilé. Son jeune frère, Saïd Hajji, s'est associé à ce geste.
L'un et l'autre ont exprimé leurs regrets à l'instigation toute naturelle de leur famille désireuse de nous faire oublier une incartade de jeunesse.
Notre intérêt se serait accommodé, sans peine, d'une solution bienveillante, si Abdelkrim et Saïd Hajji se résolvaient à se fixer au Maroc, au milieu des leurs. Mais, ils introduisent une demande de passeports pour se rendre à Naplouse, où ils prétendent continuer leurs études.
Cette Résidence ne pense pas - surtout après la faute commise - qu'il soit possible d'acquiescer à une pareille demande. Elle est donc décidée à refuser les passeports. Votre Excellence appréciera, sans doute, que ce geste est nécessaire. L'évolution de nos jeunes protégés doit se faire par nous et pour nous. Il n'y a ni raison ni intérêt à accepter qu'elle se fasse par d'autres, contre nous.
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Le Directeur Général de l'Instruction Publique, des Beaux-Arts et des Antiquités au Maroc à Mr le Directeur Général des Affaires Indigènes
Rabat, le 24 février 1930
Vous avez bien voulu, à différentes reprises, me faire savoir que des jeunes gens Marocains, notamment de la zône Espagnole, se rendaient à Naplouse, en Palestine, pour y faire des études d'arabe. De mon côté, j'ai appris que cette ville et son université attirent l'attention de certains Marocains de la zône Française.
Mr Terrasse, Professeur à l'Institut des Hautes Etudes Marocaines, qui vient de parcourir la Palestine et la Syrie à l'occasion d'une mission que lui a confiée le Ministère des Affaires Etrangères, a pu obtenir quelques renseignements sur Naplouse. Cette ville est réputée par son fanatisme musulman et par sa xénophobie.
Néanmoins, il s'y trouve une sorte d'Institut américain catholique, dont le niveau des études est plutôt médiocre. D'après les impressions de Mr Terrasse, les Américains mènent dans les milieux musulmans une lutte sournoise contre ce qui est Européen, même Anglais. Tout porte à croire que si les Marocains n'acquièrent pas à Naplouse une culture ni une instruction très moderne, ils y reçoivent des leçons de nationalisme et de fanatisme dont les puissances coloniales font les frais.
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Renseignements concernant les activités des frères Hajji
Fiche de Renseignements établie le 5 septembre 1929 par le Contrôle Civil de la Région de Rabat et destinée à la Direction des Affaires Indigènes
La souscription qui avait été mise en circulation parmi la population musulmane de Salé avait recueilli près de 2.000 francs lorsqu'elle a été arrêtée. Les promoteurs de ce geste sont:
Abderrahman Hajji, Boubker Bensaïd, Mohammed Sbihi et Mohammed Hassar
tous quatre, jeunes gens de 20 à 25 ans, dont les deux derniers seulement sont instruits en français. J'ai fait inviter ces jeunes gens, dont j'ai d'ailleurs vu moi-même le chef de file Abderrahman Hajji, à verser les fonds recueillis à une oeuvre de bienfaisance musulmane ou à restituer, à leur gré, les souscriptions aux donateurs.
Fiche de renseignements adressée à:
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Mr le s/directeur, chef du service de la police générale à Rabat
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Mr le contrôleur civil, chef des services municipaux de Salé
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Mr le commissaire divisionnaire à Rabat
Le nationaliste protégé anglais Mohammed Hajji, qui était venu dans sa famille à Salé le 29 septembre 1935, est reparti pour Londres le 14 octobre 1935. Il a déclaré qu'il serait de retour au Maroc vers la fin de ce mois. Durant son séjour à Salé, Mohammed Hajji s'est rendu à Fès où il aurait rencontré nombre de ses camarades, notamment le nommé Allal El Fassi.
Le 18 octobre 1935, le consul général d'Angleterre à Rabat est venu à Salé. Il s'est rendu à Bab Hsaïn, au domicile du protégé anglais sidi Ahmed Hajji, père du précédent, chez lequel il a dîné. Il aurait communiqué à son hôte un télégramme expédié de Londres à la poste anglaise par Mohammed Hajji, l'informant de son arrivée à destination après un bon voyage.
Plusieurs membres de la famille Hajji paraissent depuis quelque temps développer leurs relations avec le consulat général d'Angleterre à Rabat, où deux de ceux-ci, Saïd Hajji et Abdelkrim Hajji se rendraient très fréquemment pour y retirer des journaux anglais, déclarant que seule la presse anglaise rapporte l'exacte vérité sur l'état des hostilités en Ethiopie. Ces deux nationalistes qui ont la pratique de la langue anglaise traduiraient à leurs camarades les commentaires de ces journaux en les accompagnant de vives critiques contre les journaux du Maroc qu'ils accuseraient de subir la censure résidentielle.
Ces communications ont lieu assez fréquemment chez Boubker Kadiri, domicilié rue Zenata à Salé.
Il semble qu'une propagande active amorcée par les membres de la famille Hajji, en particulier par les frères Saïd, Abdelkrim et Mohammed Hajji, tous protégés anglais, est faite en faveur de l'Angleterre parmi les éléments nationalistes du Maroc, et plus spécialement de notre ville. Cette propagande paraît s'être intensifiée depuis qu'a éclaté le conflit italo-éthiopien.
Il n'apparaît pas que des manifestations soient organisées par les éléments nationalistes de notre ville à l'occasion de l'arrivée au Maroc des cendres du maréchal Lyautey, quoique ces éléments soient hostiles à ce transfert.
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Le contrôleur civil chef des services municipaux de la circonscription de Salé à Mr le contrôleur civil, chef de la région de Rabat
Objet: journaux interdits
Salé, le 25 avril 1930
Suite à votre transmission No 61 PIR du 19 avril, j'ai l'honneur de vous donner ci-dessous les résultats de l'enquête demandée. Mohammed Chmao que j'ai vu personnellement m'a déclaré qu'il envoyait en effet quelques unes des publications qu'il reçoit à un nommé Hassan Soussi débitant de tabacs à Tanger. Toutefois, a-t-il ajouté, depuis qu'il a reçu un avis de l'interdiction de certaines publications, il n'a effectué aucun envoi de journaux interdits
Ci-dessous quelques renseignements sur Mohammed Chmao:
Né à Salé il y a 25 ans environ, d'une famille modeste, mais honorablement connue, Mohammed Chmao a fait d'assez bonnes études arabes. Il a fondé en 1928 un commerce de librairie qui lui assure un bénéfice suffisant. C'est un garçon intelligent, très sympathique à la jeunesse slaouie dont il est un des membres les plus actifs... Parmi ses commanditaires, figurent certainement les 3 frères Hajji déjà maintes fois signalés. La librairie Chmao qui vient d'être transférée dans un nouveau local, est très bien aménagée, est dépositaire pour le Maroc de tous les journaux d'Egypte. Elle reçoit également des journaux algériens, tunisiens et syriens. Elle a des correspondants dans d'autres villes du Maroc...Par ailleurs, on dit couramment qu'encouragé par le succès de son commerce, Mohammed Chmao aurait l'intention de créer des succursales dans les principales villes du Maroc. Ces créations seraient prochaines. Parmi les assidus sont: les 3 frères Hajji déjà nommés, Abdellatif Sbihi et le jeune Mohammed Hassar...
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Le Contrôleur Civil Chef de la Circonscription de Salé à Mr le Contrôleur Civil Chef de la Région de Rabat
Salé, le 27 juin 1930
Dans la matinée du 26, j'ai pris l'initiative de prier le pacha, chargé et responsable de l'ordre, de bien vouloir convoquer les principaux meneurs, jeunes Marocains de Salé, et de les inviter à cesser leur campagne et à renoncer à la manifestation projetée. Le pacha, en plein accord avec moi, fixa à 18 heures, l'heure de la convocation. Je n'avais aucun désir d'y assister, estimant qu'il était plus politique de me constituer en surarbitre énergique au cas où l'autorité du pacha n'aurait pas réussi à arrêter le mouvement politique signalé. Je ne considère pas, en effet, la situation comme assez grave pour provoquer notre intervention directe qui, que nous le voulions ou non, nous lancerait dans la bagarre et aurait surtout pour résultat de donner un prestige agrandi aux principaux meneurs. Sous la pression de ces derniers, de très nombreux jeunes gens ont décidé de consacrer la journée d'hier à un jeûne total en signe de deuil et de protestation. Ils ont en effet jeûné pour la plupart.
Dans la soirée, alors qu'Abdellatif était recherché à Rabat et Salé pour répondre à votre convocation, il avait réuni à la plage de Salé un groupe important de ses jeunes camarades (une cinquantaine environ). Il fut le seul à prendre la parole pour engager ses auditeurs à persévérer dans l'intention de prononcer les "latif". C'est, a-t-il dit, une prière adressée à la pitié de Dieu, et nulle autorité au monde ne peut vous empêcher d'accomplir un devoir religieux. Il aurait ensuite communiqué à ses compagnons qu'il avait écrit à Paris à divers journaux pour leur signaler la situation créée par le nouveau dahir. En résumé, a-t-il ajouté, ce dahir révèle, de la part du Gouvernement Français l'intention très nette d'opposer le bloc berbère au bloc arabe. C'est l'application du "divide et impera" que les jeunes Marocains doivent se faire un devoir de combattre.
Des applaudissements ont interrompu à tout instant l'orateur qui fut à ce moment invité par deux agents de la sûreté de Rabat à se rendre, sans délai, à la convocation du Chef de Région. Il suivit ces agents, alors que ses compagnons, convoqués par le pacha, se rendaient au domicile de ce magistrat. Tous les autres jeunes Marocains accompagnèrent les camarades convoqués et attendirent leur sortie dans une rue voisine. Le pacha m'a fait connaître qu'il avait très sérieusement admonesté ceux qui s'étaient présentés et les a menacés de sanctions sévères s'ils ne cessaient leur campagne d'agitation. Ils ont tous promis de rester à l'écart de toute manifestation. Dès qu'ils eurent quitté le domicile du pacha, ils communiquèrent les résultats de l'entrevue à leurs compagnons. Puis, tout le monde se sépara. Il était 20h30 du soir.
Telle est la physionomie des évènements de la journée d'hier. Evidemment, de nombreux commentaires sont mis en circulation. C'est ainsi qu'on répand que le Sultan aurait en France reçu d'une femme un coup de couteau qui lui aurait occasionné une blessure de petite gravité.
En terminant, je signale qu'Abdellatif est si épris de la palme du martyr qu'il a lui-même déclaré et fait répandre qu'il était mis dans l'obligation de quitter le Maroc dans un délai de quatre jours. J'aurai l'honneur de vous rendre compte, dans la journée, du résultat de l'intervention du pacha.
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Le Contrôleur Civil de la Circonscription de Salé à Mr le Contrôleur Civil de la Région de Rabat
Salé, le 28 juin 1930
Objet: manifestation à la grande mosquée
J'ai l'honneur de vous confirmer les renseignements téléphonés dans l'après-midi d'hier sur la manifestation de la grande mosquée de Salé. Les jeunes gens sermonnés la veille par le pacha ne se sont pas en personne rendues à la grande mosquée, mais la manifestation projetée a eu lieu malgré tout, et "le latif" a été dit par environ 1.500 fidèles réunis pour la prière du vendredi. Au cours de la "Khotba" (discours prononcé par l'imam), celui-ci a fait allusion à ce qui allait se passer après la prière, en disant que la communauté musulmane était menacée d'un grave danger et que, pour échapper à ce danger, tout bon musulman était tenu de demander le secours et la protection de Dieu. Le sermon et la prière terminés et, contrairement à l'usage, "la fatiha" n'a pas été dite. L'imam, comme il l'avait annoncé, a commencé à clamer "le latif" et fut suivi par tous les fidèles entraînés par de nombreux jeunes gens disséminés dans la mosquée. Il n'est pas douteux que beaucoup de fidèles ont prononcé "le latif" pour faire comme les autres, et par crainte de voir leur abstention sévèrement jugée par leurs coréligionnaires.
L'Imam de la grande mosquée est un ancien cadi de la ville, El Haj Ali Aouad. C'est un vieillard de 90 ans, suffisamment instruit, mais diversement apprécié par les salétins. Le pacha de la ville assistait à la cérémonie et s'est montré très courroucé et affecté par cette manifestation qui, après son intervention, ébranle un peu son prestige personnel.
La sortie de la mosquée s'est effectuée sans incident, mais les fidèles commentèrent la manifestation, sinon inattendue, du moins inusitée depuis bien longtemps. Tous les jeunes agitateurs exultent. Ils considèrent que ce premier succès servira puissamment leur cause, et répandent que ce mouvement va être suivi par des protestations adressées à de nombreux parlementaires et à de nombreux journaux français. Ils affirment que la même manifestation a eu lieu hier à Fès, Marrakech et Meknès.
Abdellatif Sbihi a fait une apparition à Salé au cours de la soirée d'hier, mais il n'a eu aucun contact connu avec ses habituels commensaux.
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Le Contrôleur Civil Chef de la Circonscription de Salé à Mr le Contrôleur Civil chef de la Région de Rabat
Salé, le 29 juin 1930
Les commentaires qui ont suivi la manifestation de vendredi sont plutôt réservés. Il semble que la population éprouve une certaine gêne à échanger des impressions. Il faut reconnaître, toutefois, que les jeunes agitateurs ne sont pas isolés de toute sympathie. Aussi éprouvent-ils une joie très vive et échangent-ils entre eux des congratulations débordantes.
Au cours de la soirée d'hier, une réunion fut tenue au domicile d'Abdellatif Sbihi. Après un tour d'horizon sur les résultats acquis, il aurait été décidé de continuer à manifester, mais couverts par la religion. C'est ainsi qu'on préparerait une manifestation identique pour vendredi prochain. "Le latif" serait prononcé dans toutes les mosquées de Rabat et de Salé. Des lettres auraient été adressées à des notables zemmours pour les inviter et les prier d'inviter nombre de leurs contribules (en plus grand nombre possible) à assister à la manifestation projetée. Si les fidèles Zemmours viennent nombreux à la convocation, ils seront répartis entre diverses mosquées de Salé, car c'est surtout à Salé que se rendraient les pélerins berbères. Bien que le renseignmement concernant cette manifestation n'ait pas été recoupé, cette révélation doit être tenue pour sérieuse. Elle dénote l'ampleur que prend le mouvement déclenché qui devient sérieux et doit retenir toute notre attention. Peut-être y aurait-il lieu d'inviter les autorités de contrôle zemmour à une surveillance attentive à exercer surtout sur les slaouis installés en pays zemmour (Abdallah Hajji entre autres) en même temps que sur les chefs et notables apparentés - par les femmes - à des familles slaouies. Je m'en rapporte à votre appréciation.
Signé: Gabrielli
P.S.: Une liste de tièdes ou indifférents aurait été étable par les agitateurs. Sur cette liste figureraient les noms des Khalifas de Salé et de Ouezzan, tous deux cousins germains de M'hammed Naciri, juge au Majlis, et quelques autres jeunes gens dont la tiédeur a choqué les agitateurs.
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Lettre personnelle adressée par Mr Peyssonnel, Contrôleur Civil de la Région de Rabat à l'un de ses amis
Dimanche, 29 juin 1930
Mon cher ami,
J'ai mis Coutard au courant de ce qui se fomente à Salé pour vendredi prochain, et avec lui nous sommes allés voir le Général Noguès. Je lui ai dit ma façon de penser au sujet d'Abdellatif (Sbihi) dont je propose l'éloignement de Salé et de Rabat. Le Général pense que celà sera nécessaire, mais pas immédiatement. Il en parlera d'ailleurs demain à Mr Urbain Blanc. Il voudrait que le pacha de Salé soit averti des conséquences pénibles et désagréables pour lui qui pourraient survenir du fait de manifestations qu'il n'aurait pas empêchées; et à cet effet, le Général Noguès voudrait que je lui fasse des recommandations sérieuses. Voulez-vous me l'amener demain dans la matinée? 11h30 par exemple, ou plus tôt. Si vous veniez plus tôt, je me ferai remplacer à la distribution des prix du lycée de (illisible) En venant tâchez de m'apporter des tuyaux sur les propagateurs de fausses nouvelles et les organisateurs de la manifestation de vendredi dernier à Salé. Le pacha doit sûrement connaître ceux qui ont manoeuvré les autres.
Bien amicalement - Peysonnel
Pour les zemmours, on aurait envoyé des émissaires. Pouvez-vous savoir qui ils sont.
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Le Contrôleur Civil chef de la Circonscription de Salé à Mr le Contrôleur Civil chef de la Région de Rabat
Les renseignements recueillis permettent de confirmer la manifestation projetée pour le vendredi 4 juillet.
J'ai prié le pacha de prendre toutes les dispositions pour faire avorter cette manifestation. Il doit réunir "les imams" et leur faire toutes recommandations énergiques.
Je signale en passant qu'il existe à Salé 51 mosquées d'importance évidemment très diverse.
J'ai pu apprendre en outre que les jeunes conspirateurs ont l'intention de provoquer la fermeture de toutes les boutiques, en signe de protestation et de deuil, à une date et à une heure déterminées. Je ne crois pas au succès de ce dernier projet; il n'est pas dans le caractère des commerçants slaouis de consentir des sacrifices ... d'argent.
Quoiqu'il en soit, j'ai prié "Almohtaseb", qui nous est acquis sans réserve, d'enquêter discrètement sur la valeur de ce renseignement. Je fais en même temps surveiller les conteurs ambulants qui s'installent par habitude sur les souks ou sur les places publiques et qui ne résisteraient pas à un "fabor" (un don de faveur) copieux que ne manqueront pas de leur attribuer les agitateurs. Une révision de leur autorisation de voyage permettra au pacha d'éloigner sans délai ceux qui lui paraîtront suspects. Je n'ai aucun renseignement sur les intermédiaires qui doivent attirer les Zemmours, mais j'estime qu'il y a lieu de surveiller tous les slaouis installés en pays zemmour, soit à Tiflet, soit à Khémisset.
N.B.: J'ai par erreur écrit hier Abdallah Hajji. C'est Harti Hajji qu'il faut lire
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Le Commissaire Résident Général (Service du Contrôle Civil) à Mr le Contrôleur Civil chef de la Région de Rabat
Rabat, le 2 juillet 1930
J'ai l'honneur de vous rendre compte de ce qui suit: Il m'est signalé que dans la soirée du 1er juillet un émissaire du groupe de meneurs slaouis: Mohammed Chemao, Abdellatif Sbihi, Abderrahman Hajji, Mohammed Hassar et Abdeslam Aouad, aurait été dépêché auprès de certains notables et jeunes Marocains qui étaient réunis dans une maison de Rabat, pour leur demander de secouer leur torpeur et de faire cause commune avec leurs voisins.
"L'administration", aurait-il dit, "commence à s'inquiéter de notre mouvement, puisqu'elle envisage l'éventualité de notre expulsion. C'est le moment de donner de l'ampleur à nos manifestations pour obtenir un résultat".
Le bruit continue de circuler que "le latif" serait dit vendredi prochain dans la grande mosquée et à celle de Sidi Elghandour à Rabat.
Il est rapporté, d'autre part, que dans la même journée du 1er juillet et après la prière du Maghreb, "le latif" aurait été prononcé par une cinquantaine de personnes, conservateurs et jeunes, à la grande mosquée de Rabat.
Copie transmise pour information à Mr le contrôleur civil chef des services municipaux de Salé.
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Le contrôleur civil chef de la circonscription de Salé à Mr le contrôleur civil, chef de la région de Rabat
Bulletin No 55 Cl
La manifestation annoncée par mon bulletin No 54Cl a eu lieu hier à la grande mosquée de Salé, au moment de la prière de l'Aâssar (16heures). Une très nombreuse assistance de fidèles avait été réunie. La foule est évaluée à 2500 à 3000 assistants. La prière a été dite par Haj Mohammed ben Haj Ali Aouad, Adel à la "mahakma" de Salé et Imam suppléant. Des boutiquiers avaient été priés discrétement d'assister à la prière. Ils s'y sont rendus en grand nombre. Le "Latif" a été prononcé dans deux formes nouvelles, l'une demandant à Dieu le préservateur de libérer Abdellatif (nom du meneur arrêté qui veut dire: esclave du Préservateur), l'autre implorant le Seigneur de ne pas séparer de nous nos frères les Berbères. Un grand nombre de jeunes de Rabat ( j'évalue ce nombre à environ 80) étaient venus assister à la prière. A l'issue de la prière et à la sortie de la mosquée, 200 pains ont été distribués aux miséreux. Il s'est signalé qu'un grand nombre de notables et d'adouls qui assistaient à la prière auraient versé des larmes au moment des "Latifs" qui ont été prononcés sur un ton très élevé et s'entendaient loin à l'extérieur de la mosquée.
Une délégation composée de Mohammed Elyazidi et de trois nationalistes de Salé: Abdelkrim Hajji, Mohammed Chemao et Abdelkrim Saboundji doit se rendre aujourd'hui à Rabat pour demander audience au chef de la Région. Motifs: lui demander des nouvelles d'Abdellatif Sbihi et savoir surtout si le bruit de son envoi à Oujda qui a circulé ici est exact. Si les réponses ne satisfont pas la délégation, elle aurait l'intention de demander ensuite une audience à Mr le ministre délégué à la Résidence.
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Le contrôleur civil chef de la circonscription de Salé à Mr le Contrôleur Civil Chef de la Région de Rabat
Salé, le 29 juillet 1930
A la suite d'une plainte déposée par le Cadi de la ville qui avait, il y a quelques jours, reçu deux lettres anonymes injurieuses, une enquête ouverte par le pacha de Salé a amené l'arrestation de Mohammed Chemao, libraire à Salé qui a reconnu être l'auteur d'une des lettres anonymes. Chemao a aussitôt été incarcéré à la prison de Rabat. Les factieux réunis au domicile de Chemao ont prêté serment sur le Coran de ne pas renoncer à leur attitude. Elyazidi et les jeunes gens de Rabat assistaient à ce serment. Les conjurés semblent jusqu'ici indécis sur la personnalité à choisir comme chef. Deux noms ont été mis en avant: Ahmed Talbi et Benbrahim Zniber, hommes d'une quarantaine d'années jusqu'alors restés en coulisse. Le dernier nommé est le frère du Nadir des Habous à Safi, et je le crois en instance de révocation ou de démission.
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Le contrôleur civil chef de la circonscription de Salé à Mr le Contrôleur Civil Chef de la Région de Rabat
Salé, le 29 juillet 1930
Au cours de la soirée d'hier, de très nombreux visiteurs se sont rendus chez la mère d'Abdellatif Sbihi. Parmi eux des jeunes gens de Rabat et pour la première fois des notables de Salé. J'ai les noms de quelques uns de ces derniers. La mère d'Abdellatif a encouragé tous les visiteurs à la résistance. Elle a refusé l'argent qui lui était offert pour l'aider à subsister.
Un des visiteurs, Abdelkrim Hajji, a alors fait connaître qu'il avait reçu de trois notables qu'il ne voulait pas nommer, une somme de 2150 francs destinée à constituer un avocat pour défendre Chemao. D'autres provisions seront recueillies si la somme ne suffit pas.
Le groupe de Salé a reçu des lettres de jeunes de Fès faisant connaître qu'ils avaient adressé des protestations à des parlementaires et à la Société des Nations. Ils invitent les gens de Salé à imiter leur geste.
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Note adressée au Chef du Service du Contrôle Civil - Résidence Générale
Rabat, le 14 octobre 1930
Objet: Passeports pour Beyrouth des fils Hajji de Salé
J'ai l'honneur de vous faire savoir que le nommé Ahmed Hajji, notable de Salé, s'est présenté à cette Direction et a demandé l'autorisation d'envoyer ses deux fils, Abdelkrim et Saïd, poursuivre leurs études à l'Université Islamique, à Beyrouth. Sidi Ahmed Hajji a exposé que ses deux fils avaient pris part au récent mouvement d'agitation à Salé. Pour les empêcher de retomber dans des errements regrettables, il lui paraît judicieux de les éloigner et de leur donner une occupation. Déjà, au début de cette année, l'intéressé avait manifesté l'intention de confier ses enfants à un collège de Naplouse (Palestine). Nous avions alors refusé d'accorder les passeports demandés, car nous estimions que l'évolution de nos jeunes protégés devait se faire par nous et pour nous et qu'il n'y avait ni raison ni intérêt à accepter qu'elle se fît par d'autres, contre nous. Toutefois, la nouvelle requête présentée par Sidi Ahmed Hajji me paraît devoir être prise en considération. Je crois, en effet, qu'il ne serait pas opportun, du point de vue politique, d'empêcher de jeunes Marocains de bonne famille de compléter leur instruction dans un pays placé sous le mandat français et où il nous est d'ailleurs facile de les faire surveiller.
Je vous demanderai de bien vouloir informer ce notable de ce que le Gouvernement du Protectorat est disposé à accorder les passeports nécessaires. Mais il faudra lui exposer que cette mesure de bienveillance lui impose des obligations. Ses fils devront s'adonner exclusivement à leurs études, ne faire partie d'aucun comité à tendances politiques, et s'abstenir de publier des articles, de quelque nature qu'ils soient, dans les journaux de langue arabe. Dans le cas où ils ne se conformeraient pas strictement à ces directives, ils seraient renvoyés au Maroc et rendus à leur famille.
Vous voudrez bien me faire connaître la date de leur départ pour Beyrouth afin que je puisse aviser, en temps voulu, le Haut Commissaire en Syrie, aux fins de surveillance.
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Le Contrôleur Civil Chef de la Circonscription de Salé à Mr le Contrôleur Civil Chef de la Région de Rabat
Salé, le 4 novembre 1930
Comme suite à votre transmission No 3467 D, du 22 octobre et en exécution des prescriptions contenues dans la lettre No 1773 DAI du 14 du même mois, j'ai l'honneur de vous faire connaître que Saïd et Abdelkrim Hajji ont quitté Salé à destination de Beyrouth, hier lundi par le train de 22 h 40. (Passeports Nos 3937 et 3938 en date du 27 octobre 1930). Ils se rendent en Syrie par la voie Tanger-Marseille-Alexandrie. Avant leur départ, ils se sont engagés à ne faire partie d'aucun groupe à tendance politique et à s'abstenir de publier ou d'inspirer aucun article dans les journaux de langue arabe.
Signé: Gabrielli
Copie transmise par B.E. du 15 novembre 1930 au Directeur des Affaires Indigènes
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Le Résident Général de France à Rabat à Mr le Haut Commissaiore de la République Française en Syrie et au Liban
Rabat, le 25 novembre 1930
Objet: Abdelkrim et Saïd Hajji, étudiants marocains, partis pour Beyrouth
J'ai l'honneur de vous faire connaître que les deux frères Abdelkrim et Saïd Hajji ont quitté Salé le 3 novembre dernier à destination de Beyrouth, via Tanger-Marseille-Alexandrie. Ces deux jeunes gens, ressortissants français (?), titulaires des passeports No 3937 et 3938 en date du 27 octobre 1930, ont déclaré se rendre à Beyrouth pour y poursuivre leurs études à l'Université Islamique. Bien qu'ils aient pris part au mouvement d'agitation, consécutif à la parution du dahir du 16 mai 1930, sur l'organisation de la justice berbère, je n'ai pas cru devoir mettre obstacle à leur désir.
Toutefois, ils se sont engagés avant leur départ à s'adonner exclusivement à leurs études, à ne faire partie d'aucun comité à tendances politiques et à s'abstenir de publier des articles, de quelque nature qu'ils soient, dans les journaux de langue arabe. Dans le cas où ils s'écarteraient de la ligne de conduite qui leur a été tracée et où ils ne respecteraient pas leurs engagements, je vous serais très obligé de vouloir bien m'en aviser.
Signé: Lucien Saint
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Bulletin de Renseignements établi en 1934 par la Région Civile de Rabat et destiné au Directeur des Affaires Indigènes
Des fonds sont actuellement recueillis dans les milieux nationalistes de Rabat et de Salé avec une certaine activité qui semble résulter du récent passage à Rabat d'Allal El Fassi et de Mohammed ben Hassan Elwazzani. Ces fonds réunis par Ahmed Cherkaoui, et Al Attabi pour Rabat, Saïd Hajji et Boubker Kadiri pour Salé sont destinés à couvrir les frais d'impression du Plan de Réformes, à procurer à la revue "Almaghrib" de Longuet 60.000 francs versés annuellement par les nationalistes marocains, enfin à entretenir les leaders du parti, tels que Mohammed Elyazidi, qui sont sans situation ni ressources.
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Pétition adressée au nom de la population de Salé à S.M. le Sultan, au Ministre français des Affaires Etrangères et au Résident Général de France à Rabat:
Nous, habitants de la ville de Salé, prions votre excellence de bien vouloir considérer que le Plan de Réformes Marocaines qui vous a été présenté le 1er décembre 1934 par une délégation du Comité de Patronage de l'Action Marocaine, ainsi qu'à Sa Majesté le Sultan du Maroc par une délégation du Comité d'Action Nationale et à Son Excellence le Haut Commissaire Résident Général de France au Maroc par des membres du même Comité, exprime la volonté du peuple marocain qui a pleine confiance dans le Comité d'Action Nationale stop Nous sommes persuadés que votre excellence a déjà pris en considération nos revendications et qu'elle emploiera toute son influence pour les faire aboutir stop Veuillez agréer, excellence, nos sincères hommages stop
Ce télégramme a été signé par 17 Ulémas et notables, 43 commerçants, 5 propriétaires fonciers et agriculteurs, 15 entrepreneurs et menuisiers, 8 représentants de corporations et une vingtaine de jeunes étudiants au nombre desquels figuraient les noms de Saïd Hajji et de ses deux frères Abdelmajid et Abdelkrim, aux côtés des signatures de Mohammed Hassar, Mohammed Chemao, Ahmed Maâninou et Mohammed Bekkali.
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Le Chef du Service du Contrôle Civil à Mr le Contrôleur Civil Chef de la Région de Rabat
Rabat, le 20 mars 1935
Objet: Information politique
D'un bulletin de renseignements émanant du Contrôleur des Autorités Chérifiennes de la zône de Tanger, il résulte que des comités ont été constitués dans divers pays islamiques pour recueillir des fonds de secours destinés aux habitants de Médine atteints par la famine. A Tétouan, un comité placé sous la présidence d'Abdelkhalek Torrès a ouvert une souscription publique. A Fès, Allal El Fassi serait chargé de recueillir des fonds. A Rabat, ce rôle incomberait à Mohammed Elyazidi, à Salé, à Abderrahman Hajji, à Tanger à Abdelkader ben Ahmed Dziri.
Je vous serais obligé de vouloir bien procéder au recoupement de cette information et de me communiquer les renseignements que vous pourriez recueillir à ce sujet.
Copie conforme transmise à Mr le Contrôleur Civil, chef de la Circonscription de Salé, pour recoupement.
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Le Commissaire Divisionnaire chef de la Sûreté Régionale à Mr le Sous Directeur chef du Service de la Police Générale - Rabat
Marrakech, le 19 avril 1935
A toutes fins que vous voudrez bien juger utiles, j'ai l'honneur de vous faire connaître l'arrivée à Marrakech, le 16 courant, des nommés: Saïd Hajji, Boubker Kadiri et Saddik Aouad, les deux premiers étudiants, le troisième, propriétaire, tous trois originaires de Salé.
Ils sont descendus au Parc-Hôtel, où Saïd Hajji a rencontré Mhammed El Mellakh avec lequel il s'est entretenu longuement de la situation actuelle, puis de la Société de Bienfaisance Musulmane de Marrakech, enfin de la solidarité devant exister entre les nationalistes.
Saïd Hajji a vivement encouragé son interlocuteur à continuer ses efforts dans les milieux nationalistes dans l'intérêt de la patrie.
Saïd Hajji et les deux indigènes qui l'accompagnaient, après avoir visité la Foire, la Médersa Ben Youssef et la Bahia, se sont rendus chez le nommé Omar Sentissi, commerçant à la kissaria, nationaliste notoire, qui fut condamné à 3 mois de prison, pour avoir pris une part active à un mouvement antisémite, en mai 1934.
Saïd Hajji, très suspect, est l'un des meneurs les plus actifs du mouvement nationaliste. Il s'est vivement fait remarquer, en 1930, à l'occasion du dahir sur la justice berbère.
Saïd Hajji et Saddik Aouad ont quitté Marrakech ce jour par car C.T.M. de 5 heures du matin, à destination de Casablanca, tandis que Boubker Kadiri partait vers Mogador ("l'actuelle Essaouira").
Signé: Ladeuil
Copie conforme transmise à Mr le Directeur des Affaires Indigènes à Rabat
Copie pour information au Général de Division Catroux commandant la Région, au chef du Bureau Régional, au Contrôleur chef de la Région de Rabat et au Chef du Service du Contrôle à la Résidence Générale.
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Notes du Contrôleur Civil Chef de la Circonscription de Salé au Contrôleur Civil chef de la Région de Rabat
Une note datée du 17 juillet 1935 adressée au Contrôleur Civil chef de la Région de Rabat, aux fins de recoupement, fait état de l'assiduité des frères Hajji et du groupe de nationalistes de Salé aux cours professés trois fois par semaine par Mohammed Ben Larbi Alaoui, Président du tribunal d'appel du Chraâ à la grande mosquée de Salé, cours qui paraissent au premier abord anodins, mais qui contiennent des allusions nettement anti gouvernementales, et revêtant un caractère subversif, intelligible pour les nationalistes qui fréquentent ces cours.
Une seconde note datée du 19 juillet 1935 évalue le nombre d'auditeurs à une soixantaine et précise que les cours sont professés quatre fois par semaine. L'orateur compare la grandeur passée avec la situation diminuée dans laquelle se trouve aujourd'hui le peuple marocain. Il fait de fréquentes allusions au rôle néfaste joué dans l'évolution islamique par les nations européennes, qui sont parvenues à imposer leur tutelle à des Etats musulmans jadis indépendants.
Aucune parole injurieuse, mais ses conférences sont émaillées de comparaisons et de sous-entendus de nature à flatter et à encourager les théories nationalistes qu'affichent ses auditeurs. L'attitude de ce haut personnage doit être surveillée de très près.
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Fiche de renseignements relatifs au cours professés par Mohammed ben Larbi Alaoui
Confidentiel - No 1398 du 13 juillet 1935
Sources directes:
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Marrakech
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Casablanca, Rabat et Salé
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Recoupements pendant les fêtes du Mouloud auprès de divers personnages qualifiés
L'activité de Mohammed ben Larbi Alaoui, président du tribunal d'appel du Chraâ, semble actuellement se manifester plus particulièrement en milieux nationalistes de Salé. Les cours professés 3 fois par semaine par ce haut personnage à la mosquée de Salé auraient principalement pour auditeurs les nationalistes et les sympathisants du Mouvement, en particulier Kadiri, Hassar, Maâninou, les frères Smahi, les frères Hajji, Chemao et Bouâllou.
Ben Larbi Alaoui ne manquerait pas, à l'occasion de ces cours, de faire quelques discrètes allusions à caractère plus ou moins subversif, mais nettement anti gouvernementales. Il emploierait dans ses cours certains vocables qui, pour les profanes, n'auraient aucune signification spéciale, alors qu'au contraire, pour les seuls initiés, ils auraient un sens parfaitement convenu, d'ailleurs tendancieux et intelligible pour les nationalistes qui fréquentent ces cours.
D'autre part, Ben Hassan Elwazzani, Abdelâziz Bensouda et d'autres nationalistes de Fès seraient reçus à leur passage à Rabat par Ben Larbi Alaoui et s'inspireraient le plus souvent des conseils qu'il leur prodigue pour coordonner leur action.
Copie conforme transmise à Mr le contrôleur civil chef de la circonscription de Salé aux fins de recoupement
Rabat, le 17 juillet 1935
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Le contrôleur civil, chef de la Région de Rabat à Mr le Directeur des Affaires Indigènes - Rabat
No 175 PIR - 19 juillet 1935
a/s Mohammed ben Larbi Alaoui
En réponse à votre note de renseignements No 1398 du 13 juillet 1935, j'ai l'honneur de vous faire connaître, d'après les renseignements qui me sont fournis par l'autorité locale de contrôle, que Mohammed ben Larbi Alaoui, président du tribunal d'appel du Chraâ, commente en effet le Coran 4 fois par semaine à la grande mosquée de Salé. Il est exact que son auditoire, qui se compose habituellement d'une soixantaine de personnes, comprend les principaux nationalistes de la ville. Au cours de ses leçons, ce personnage met assez souvent en parallèle la grandeur passée du monde musulman et la situation diminuée dans laquelle se trouve aujourd'hui le peuple marocain. Il va sans dire que si ce professeur ne se livre pas ouvertement à la critique du régime actuel, il n'en fait pas moins de fréquentes allusions au rôle néfaste joué dans l'évolution islamique par les nations européennes qui sont parvenues à imposer leur tutelle à des Etats musulmans jadis indépendants. Aucune parole injurieuse ou seulement hostile à notre égard ne pourrait naturellement être relevée dans les propos de Mohammed ben Larbi Alaoui. Mais les comparaisons, les sous-entendus qui émaillent ses conférences sont cependant de nature à flatter et à encourager les théories nationalistes qu'affichent ses auditeurs. L'attitude de ce haut personnage doit donc être surveillée de très près.
Par ailleurs, il est exact que Mohammed ben Larbi Alaoui reçoive la visite de jeunes nationalistes tels que Mohammed Elyazidi, Haj Mohammed Naciri, Ahmed Balafrej, Mohammed Hassan Elwazzani et Haj Mohammed ben El Maâllem.
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Le Contrôleur Civil de la Région de Rabat au Directeur des Affaires Indigènes
Rabat, le 6 janvier 1936
Objet: Délivrance de passeports aux suspects
En exécution des prescriptions de votre circulaire No 190 DAI 1/3, du 31 août 1934, dont l'objet est rappelé en marge, j'ai l'honneur de vous faire connaître que je viens d'être saisi d'une demande de renouvellement de passeport pour Londres via la France, l'Espagne et Tanger, par Saïd Hajji, un des chefs actifs à Salé du mouvement nationaliste, inscrit au carnet A. Je vous serais obligé de bien vouloir me faire connaître la suite qu'il vous aura paru opportun de réserver à la demande présentée par l'intéressé.
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Le Directeur des Affaires Indigènes à Mr le Contrôleur Civil Chef de la Région de Rabat, s/c de Mr le Directeur du Cabinet Civil chargé de la Direction des Contrôles Civils - Résidence Générale
Rabat, le 14 janvier 1936
Me référant à votre lettre No 14 P.I.R. du 6 janvier 1936, j'ai l'honneur de vous faire connaître que je n'ai pas d'objection à élever au renouvellement du passeport du nommé Saïd Hajji. Je vous serais obligé de vouloir bien me tenir informé, dans la mesure du possible, de la date de son départ.
Signé: Bénazet
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Note de renseignements établie par le Commissaire divisionnaire de Rabat en date du 23 mars 1936
Les nationalistes de Salé ont donné hier 22 courant au lieu dit "Dar El Khandak" une grande diffa. A cet effet, 4 tentes avaient été dressées sur l'emplacement choisi; les jouissances ont commencé vers 9 heures.
On a noté sur les lieux la présence des nationalistes dont les noms suivent:
Saïd Hajji, Abdelkrim Hajji, Abdelmajid Hajji, Boubeker Kadiri, Haj Ahmed Maâninou, tous domiciliés à Salé
Mohammed Elyazidi, Ahmed Balafrej de Rabat
Mohammed Diouri de Port Lyautey (l'actuelle Kénitra)
Allal El Fassi, Omar ben Abdeljalil de Fès
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Le Chef du Cabinet Diplomatique du Commissaire Résident Général de la République Française à Mr le Directeur des Affaires Indigènes - Résidence Générale - Rabat
B.E. portant la mention "urgent" assurant la transmission d'une lettre du Consulat de France à Tétouan au sujet des activités de Saïd Hajji, et suggérant en "observations" de fournir les indications contenues dans cette lettre à la Direction des Services de Sécurité.
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Le Vice-Consul de France, Gérant du Consulat de France à Mr le Ministre Plénipotentiaire, Délégué à la Résidence Générale de France - Rabat
Tétouan, le 9 avril 1936
J'ai l'honneur de signaler spécialement à votre attention le nommé Saïd Hajji, indigène de Salé, dont la photographie est ci-jointe.
Les nationalistes de Tétouan emploient en effet, pour faire parvenir leurs mots d'ordre en zône française, certains émissaires sûrs qui établissent la liaison entre Fès, Salé et Tétouan.
Le frère d'Abdelkhalek Torrès, garagiste à Tétouan, et bien que se défendant de se mêler de politique, ne dédaigne pas de jouer ce rôle lors des déplacements assez fréquents qu'il accomplit dans notre zône.
Mais l'émissaire le plus actif et le plus dangereux paraît être Saïd Hajji. Ce jeune homme est en rapports étroits avec les nationalistes de Tétouan, et à l'occasion des nombreux voyages qu'il fait entre cette ville et Salé, transmet les mots d'ordre et sert d'agent de liaison.
Peut-être estimerez-vous utile dans ces conditions de demander aux services de sécurité d'exercer une surveillance attentive sur les faits et gestes de ce nationaliste dont la photographie est ci-jointe.
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Le Directeur des Affaires Indigènes à Mr le Chef du Cabinet Diplomatique - Résidence Générale
Note confidentielle datée du 5 mai 1936 au sujet de Saïd Hajji
Vous avez bien voulu m'adresser, sous bordereau No 759/D du 21 avril 1936, une lettre de notre Consulat à Tétouan, relative aux agissements du Marocain Saïd Hajji de Salé.
Cette Direction n'ignore pas le rôle particulièrement actif de ce jeune agitateur dans le mouvement nationaliste.
En vous communiquant une fiche de renseignements résumant les remarques relevées à son encontre, je vous serais très obligé de vouloir bien me faire savoir si vous verriez quelque inconvénient à lui faire retirer son passeport.
J'estime, en effet, que cette mesure est la seule qui puisse mettre fin à une activité dangereuse, le resserrement de la surveillance déjà exercée sur lui devant être inefficace.
Signé: Benazet
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Fiche de Renseignements sur Saïd Hajji
Marocain, né à Salé vers 1910 (la date exacte est le 29 février 1912)
Fils de sidi Ahmed Hajji, d'une famille maraboutique vénérée, alliée aux grandes familles de Salé.
Instruit en arabe, après des études au Collège Islamique de Beyrouth, possède également des notions de français et d'anglais.
A fait un assez long séjour à Londres où son père possède un magasin d'antiquités marocaines.
Se signale, dès le début du mouvement d'opposition, par une lettre adressée au chef riffain Abdelkrim, dans laquelle il manifeste son admiration pour les rebelles.
Venu en vacances à Salé en juillet 1933, se mêle aux militants nationalistes, fait campagne pour le boycottage des produits de la régie des tabacs.
Arrêté à Arbaoua (poste frontiere entre les zônes sous influence française et espagnole) en juin 1934, venant du Caire, trouvé porteur de nombreux journaux interdits.
Donne des cours gratuits à la médersa qadiria de Salé.
Organise une manifestation de sympathie à l'occasion de la libération de Mohammed Hassar, condamné politique.
Soupçonné, en août 1934, d'avoir fait adresser une lettre de félicitations à Hitler, à l'occasion de son élection à la présidence du Reich.
Envisage de poursuivre ses études à l'école des langues orientales de Berlin.
Rencontre, à plusieurs reprises, à Tétouan, Bennouna et les nationalistes espagnols.
A Marrakech, en avril 1935, remarqué pour ses fréquentations suspectes, et pour son intervention dans la Société de Bienfaisance Musulmane.
Adresse, en juillet 1935, une demande d'autorisation de création d'une revue littéraire arabe; autorisation refusée.
Donne de nombreuses conférences à l'association des anciens élèves de l'école des fils de notables de Salé. Tente, sans succès, de se faire élire président de l'association et d'y faire accéder ses amis nationalistes.
Remarqué au mariage de Mohammed Elyazidi à Rabat le 17 avril 1935.
Mêlé à la campagne d'opinion contre le retour des cendres du Maréchal Lyautey.
Correspondant à Salé de la revue "Al Maghrib Aljadid" de Mekki Naciri, puis du journal "Al Akhbar" de Tétouan. Fait une active propagande pour ces journaux.
Adresse une lettre au Résident Général (janvier 1936) pour se plaindre des entraves apportées à la liberté de la presse, et solliciter l'autorisation de faire paraître un journal littéraire.
Multiplie ses voyages entre Salé et la zône espagnole. Agent de liaison avec les nationalistes de Tétouan.
Signataire d'une lettre de félicitations adressée à Nahas Pacha.
Reçoit fréquemment à son domicile les nationalistes de Fès et de Casablanca. Organise de nombreuses réunions.
Doit être considéré comme un des chefs du mouvement d'opposition à Salé où il prend de plus en plus d'influence.
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Fiches de Renseignements concernant des réunions des nationalistes à Salé
Le 5 novembre 1936, à 21 heures, une réunion de nationalistes a eu lieu à Bab Mseddek à Salé, chez le maître d'école coranique Boubker Kadiri. Environ 200 nationalistes de Salé, Rabat et Fès ont assisté à cette réunion. De Fès, Allal El Fassi, Brahim Elwazzani, Omar ben Abdeljalil, Hachmi Filali, de Rabat, Elyazidi, Ahmeed Balafrej, Ahmed Cherkaoui et d'autres.
Cette réunion avait pour but d'exposer les résultats qui auraient été obtenus par les délégués du parti auprès du Gouvernement Français, et qui auraient fait l'objet d'une pétition à Mr le Résident Général avant son départ pour la France. Cette pétition tendrait à l'aboutissement rapide de leurs demandes entre autres:
1. Instruction des Marocains
2. Réforme de la justice berbère
3. Liberté de la presse pour les publications arabes.
Saïd Hajji et Boubker Kadiri ont souhaité la bienvenue et félicité les délégués revenus de France après avoir si heureusement oeuvré auprès du Gouvernement Français.
Des tracts, dont ci-joint un exemplaire, ont été distribués en ville et font connaître que le Gouvernement Français a, en principe, accepté de donner satisfaction au programme nationaliste et que, à cet effet, une commission de délégués français et marocains va être instituée. Il dit également que des congrès seraient organisés dorénavant dans toutes les villes du Maroc.
Hier 6 novembre 1936, vers 20 heures, ces mêmes nationalistes se sont réunis à nouveau, à Bab Hsaïn, dans la maison Lahrach
Dès 19h30, un groupe d'une cinquantaine de R'batis est arrivé à pied à Bab Bouhaja. L'un d'eux, Elyazidi, croit-on, portait une gerbe de fleurs et marchait en tête. Il s'est dirigé directement, sans bruit, vers la maison Lahrach où, en même temps, arrivaient de nombreux invités slaouis reçus à l'entrée par deux jeunes indigènes porteurs de brassard qui les introduisaient aussitôt sur présentation de leur invitation. La porte d'entrée de la maison était décorée d'emblêmes chérifiens, à l'exclusion de tout emblême français.
Vers 20h30, le nombre d'indigènes réunis chez Lahrach était d'environ 400, parmi lesquels les leaders nationalistes de Fès, Rabat, Casablanca, Port Lyautey (Kénitra) Meknès, Marrakech, Safi et les représentants de différentes corporations, notamment les cordonniers et nattiers.
Vers 21h, Boubker Kadiri, Ahmed Maâninou, Saïd Hajji, et Allal El Fassi ont à tour de rôle pris la parole.
Boubker Kadiri a fait d'abord l'éloge funèbre du nationaliste slaoui, Mohammed Hassar, décédé récemment. Il a parlé de l'activité du parti nationaliste autour duquel, a -t- il dit, tous les jeunes musulmans doivent se grouper.
Saïd Hajji et Allal El Fassi ont parlé de la justice berbère, dont ils préconisent la réforme par le remplacement des juges existants, la plupart illettrés, par des hommes ayant des connaissances suffisantes en droit et possédant une instruction au moins élémentaire. Ils ont insisté aussi sur la nécessité de la liberté de la presse et des revues arabes. Ils ont fait un pressant appel à l'union qui, seule, peut leur permettre d'acquérir la force nécessaire pour aboutir à ce résultat qui, pour eux, n'est que l'amélioration de la situation matérielle et morale du Marocain.
Haj Ahmed Maâninou s'est livré à une violente critique de la politique suivie depuis le début par le Gouvernement du Protectorat au sujet des populations du bled. Cette politique n'a eu constamment pour objet, a -t- il dit, que de déposséder le pauvre fellah de ses terres, au bénéfice des gros colons européens. Cette politique n'a eu qu'un effet, celui de créer un état de misère inimaginable chez les campagnards.
Un européen, professeur au lycée Gouraud à Rabat, a assisté à cette réunion, et les discours prononcés lui ont été traduits par le truchement d'un interprète en même temps qu'il prenait des notes.
Vers 23h30, cette réunion a pris fin, et la foule des invités s'est écoulée lentement, les uns vers leur domicile à Salé, les autres vers Rabat. A 0h30, il ne restait à peu près plus personne chez Lahrach.
A la sortie, de petits groupes, parmi lesquels des nattiers et des cordonniers, se sont formés et ont commenté les discours entendus.On a pu entendre les uns dire que "celà était bien" et d'autres, manifestant des sentiments d'indifférence, déclarant qu'ils n'avaient rien compris à ce qu'on leur avait raconté.
Cette réunion pour laquelle plus d'un millier d'invitations avaient été lancées a eu surtout pour but de faire nombre et recueillir le plus possible de signatures au bas d'une pétition pour l'application du programme nationaliste, que tous les assistants ont été invités à signer avant de se retirer. Cette pétition aurait été aussitôt adressée au Gouvernement Français, à Sa Majesté le Sultan, au Résident Général et au Front Populaire Français.
Salé, le 7 novembre 1936 - Signé: Rocatche
Copie transmise le 10 novembre 1936 par le Commissaire Divisionnaire au Contrôleur Civil chef de la Région et au Sous Directeur chef du Service de la Sécurité à Rabat.
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Bulletins de Renseignements adressés par la Direction des Affaires Chérifiennes au Directeur des Affaires Politiques
B.R. daté du 8 novembre 1937:
On s'étonne dans les milieux de Rabat-Salé de voir que le nommé Saïd Hajji, directeur ou rédacteur du journal "Almaghrib" soit encore en liberté. On le donne comme un nationaliste pratiquant et actif chez lequel se sont réunis, à maintes reprises, les chefs de la conspiration: Allal, Elyazidi et Ben Abdeljalil
B.R. daté du 16 novembre 1937:
Le nouveau dahir sur la presse et sur les mesures de dépôt des articles avant leur parution est l'objet de nombreuses critiques.
Saïd Hajji, Directeur du journal "Almaghrib" aurait été gêné par les nouvelles dispositions si bien que le dernier numéro de son journal n'aurait pas paru.
"Il m'est impossible", dit Saïd Hajji, "de me mettre sur le même pied que la Saâda" (journal; progouvernemental en langue arabe)
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L'Inspecteur Principal de Police Mobile à Mr le Commissaire Divisionnaire - Rabat
Salé, le 20 janvier 1938
J'ai l'honneur de vous rendre compte de ce qu'hier, 19 janvier, le nationaliste Saïd Hajji a invité à déjeuner dans sa maison un groupe de nationalistes locaux.
Après déjeuner, il a été décidé d'ouvrir une collecte auprès des nationalistes et sympathisants pour venir en aide à l'école libre nationaliste de Salé dont le Directeur, Boubker Kadiri, est actuellement détenu.
Hajji a mis également ses invités au courant qu'un de ses amis français, un député, lui a écrit pour l'assurer que les détenus politiques seraient grâciés dès la sortie de clinique de S.M. le Sultan.
Enfin, l'échec de Léon Blum pour la constitution du Ministère leur a causé une cuisante déception, car ils comptaient sur l'ancien Président du Conseil pour recouvrer la liberté de la presse.
Signé: Soler
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Lettre adressée le 21 janvier 1938 par le Général de Brigade Richert Chef de la Région de Fès p.i. au Contrôleur civil chef de la Région de Rabat s/c du Directeur des Affaires Politiques - Rabat
Le 18 courant, la police de Fès découvrait et saisissait un paquet renfermant divers journaux et lettres arabes, abandonné dans un wagon de 1ère classe, du train de Tanger, arrivé à 6 heures.
Parmi les nombreuses enveloppes contenant tracts et correspondances expédiées de Tétouan par Brahim Elwazzani, se trouvaient celles destinées aux personnes mentionnées ci-dessous, appartenant à votre circonscription:
1) Une enveloppe forte au nom de Sidi Rachid ben Hsaïn, rue sidi Fatah, No 40 à Rabat, contenant 7 lettres destinées à Driss Benyouri, Jaâfar Cherkaoui, Mohammed Mouline, Tahar Rifaï, Rachid ben Hsaïn, Mohammed ben Abbas Kabbaj et Mohammed Tétouani;
2) Une enveloppe forte au nom d'Abdallah Aouad, Kissaria de Salé, contenant 5 lettres portant les noms suivants: Sid El Hadj Talbi, Abdallah Aouad, Mohammed Chemao, Saïd Hajji et Othmane Lahrach.
J'ai l'honneur de vous adresser ces documents à toutes fins utiles.
Traduction de la lettre circulaire de Brahim Elwazzani datée du 13 janvier 1938:
Louanges et bénédictions!
A l'honorable frère Saïd Hajji - salutations -
J'ai le plaisir de vous présenter cette publication afin que vous soyez au courant de la voie que je suivrai pour la défense de la cause marocaine sacrée.
L'action que j'entreprends nécessitant de nombreuses aides et une solidarité éprouvée, je vous considère parmi les frères militants qui supporteront le poids de ce grand projet. Je vous demande de m'adresser d'urgence tous renseignements se rapportant au mouvement national marocain depuis le jour de sa création.
Je vous prie aussi de me fournir toutes sortes d'informations, petites ou grandes soient-elles, sur les derniers évènements et leurs conséquences.
J'insiste pour que vous m'écriviez chaque semaine et me relatiez d'une manière précise et continuelle tout évènement qui viendrait à se produire.
Je vous rappelle que la nécessité nous oblige à redoubler d'efforts dans la lutte nationale jusqu'à ce que Dieu, ler meilleur des magistrats, juge entre la France et nous. En avant militant!
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Le Contrôleur Civil Chef de la Région de Rabat au Directeur des Affaires Politiques
Rabat, le 14 avril 1938
J'ai l'honneur de vous rendre compte de ce que j'ai délivré ce jour à Si Saïd Hajji, Directeur du journal "Almaghrib" de Salé, sur instructions de Mr le Résident Général qui en a parlé à Mr Sicot, un passeport No 1.166, valable 3 mois, pour la France et la Suisse. Si Hajji compte partir vers le 20 avril 1938 par Oujda. Il serait intéressant de le faire surveiller discrètement pendant son séjour en France. Ci-joint la déclaration signée par l'intéressé
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Le Commissaire Divisionnaire Chef de la Sûreté Régionale à Mr le sous directeur chef du Service de la Police Générale - Rabat
Marrakech, le 20 avril 1938
Me référant à un message téléphoné de la Sûreté de Casablanca, en date du 15 avril, signalant le départ sur notre ville des nommés: Saïd Hajji, Directeur du journal "Almaghrib" et Sidi Kébir El Fassi, secrétaire du Tribunal Chérifien de Casablanca, j'ai l'honneur de vous faire connaître que seul le dernier nommé a rejoint Marrakech, le 10 courant, par le train de midi; il est reparti sur Casablanca ce jour, par la même voie.
Sidi Kébir El Fassi, qui est descendu pendant son séjour chez des amis, était venu présenter ses félicitations à son coréligionnaire, Moulay Larbi Alaoui, récemment nommé au poste de Khalifa de S.E. le pacha de Marrakech.
Signé: Jean Lucet
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Le Département du Contrôle Civil au Contrôleur Civil Chef de la Région de Rabat
Rabat, le 30 avril 1938
Objet: Activités de Sidi Saïd Hajji
Me référant à votre note No 314 du 14 avril relative à l'octroi d'un passeport à Sidi Saïd Hajji, Directeur du journal "Almaghrib", afin de se rendre en France et en Suisse, j'ai l'honneur de vous rendre compte de ce que cet intéressé se trouve encore au Maroc. Il a assisté hier au soir à l'enterrement d'un personnage de Salé, le Chérif Sidi Omar Touhami.
Une activité particulière a été constatée de sa part ces derniers temps. C'est ainsi qu'il s'est rendu tout récemment à Fès vêtu à l'européenne et en est revenu avec une valise.
Ses allées et venues à Rabat sont très fréquentes. Elles ont pour objet la surveillance de l'Institut Guessous dont il est avec son père directeur officieux en l'absence de Balafrej. C'est ainsi qu'un des maîtres de cette école, O. ben Abour, a été récemment remplacé par Omar ben Ahmed Aouad de Salé. Celui-ci est un ancien élève du Collège Moulay Youssef connu pour ses tendances nationalistes.
On dit que le motif de son voyage à Fès était de se renseigner sur les derniers incidents à l'occasion des manifestations de sympathie à l'égard du Destour et d'établir une liaison à l'effet de provoquer des mouvements similaires dans les autres villes du Maroc.
On dit également que son voyage en France a un double but:
Tout d'abord, d'agir auprès des étudiants nord africains de Paris ainsi que de certains personnages parlementaires, afin d'obtenir la libération des condamnés d'octobre;
Et ensuite de se rencontrer en Suisse avec Balafrej qui s'y soigne afin de lui rendre compte de la marche de l'Institut Guessous.
Le supplément littéraire hebdomadaire du "Maghrib" est demeuré, jusqu'à ce jour, dans la ligne. Aucun symptôme d'effervescence ni aucune menée particiulière ne sont pour l'instant à signaler.
Signé: Abbadie
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Le Contrôleur Civil Chef de la Région de Rabat au Directeur des Affaires Politiques
Rabat, le 2 mai 1938
Comme suite à ma lettre du 14 avril écoulé No 314 PIR, j'ai l'honneur de vous rendre compte de ce que si Saïd Hajji qui paraissait pressé de se rendre en France, n'a pas encore quitté le Maroc. Ci-joint copie d'une lettre du Contrôleur Civil de Salé rendant compte de l'activité, ces jours derniers, de ce personnage suspect.
Le visa donné à Si Saïd Hajji le 14 avril était, conformément aux instructions résidentielles, valable 15 jours seulement, de telle sorte que cet indigène ne pourra donner suite à son projet de voyage qu'à la condition d'obtenir un nouveau visa. Doit-on le lui accorder? Quant à moi, compte tenu des nouveaux renseignements fournis sur l'intéressé qui n'a pas voulu profiter dans les délais prescrits de la première autorisation urgente qu'il a obtenue, je suis d'avis de refuser le visa.
Noté en marge: Lettre à annuler. Communaux(?) m'a fait connaître que Si Saïd Hajji a effectivement utilisé son passeport pour aller en Suisse, où il a fait un voyage très rapide et s'est rencontré avec Balafrej
Conversation du mercredi 5 octobre 1938 avec Saïd Hajji
Saïd Hajji désire vivement obtenir l'autorisation de lancer un journal trihebdomadaire qui s'efforcerait de devenir quotidien après un délai expérimental aussi bref que possible. Le supplément littéraire qu'il édite actuellement serait un complément de ce futur quotidien d'informations.
Saïd se refuse à collaborer ouvertement avec Chemao parce que ce dernier est un maladroit, dépourvu de tout sens politique et qu'il jouit d'une réputation détestable dans les milieux marocains. Sans doute, Chemao est pour lui un vieil et fidèle ami, mais ses intempérances de langage et ses mouvements d'impatience font qu'il est contraint de le désapprouver fréquemment dans les conversations en société.
Dernièrement, explique-t-il, lorsqu'un conflit mondial menaçait d'éclater, Chemao a répandu le bruit qu'en cas de guerre tous les militants nationalistes allaient être fusillés, puis il a fait circuler un projet de lettre adressée au Résident Général que les signataires assuraient de leur dévouement et de leur amour pour la mère-patrie.
Saïd estime qu'il est en mesure de lancer un quotidien de nuance gouvernementale sur une seule feuille. Ce serait un journal du matin qui donnerait les nouvelles contenues dans "la Vigie Marocaine" de la veille et l'essentiel des communiqués recueillis par T.S.F. dans la soirée. Il explique longuement son projet et donne des détails tels qu'il se voit contraint d'avouer que celui-ci a été étudié de très longue date et a fait l'objet de devis précis. mis au point en France, en Angleterre et au Maroc.
Un grand quotidien a un budget minimum de 120.000 francs par mois. Il ne peut compter au Maroc que sur 2.000 lecteurs. Il ne peut donc pas y vivre. Par contre, un modeste quotidien sur une seule feuille peut être une affaire commerciale viable, surtout lorsque le Directeur est le propriétaire de l'imprimerie qui tire le journal, ce qui est le cas de Saïd Hajji.
Rabat, le 6 octobre 1938
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Note de renseignements adressée par le Commissaire Divisionnaire de Marrakech à la Direction de la Sûreté Publique - Service de la Police Générale à Rabat
Marrakech, le 14 novembre 1939
Saïd Hajji, directeur du journal "Almaghrib" de Salé, était de passage à Marrakech le 6 courant, venant de Casablanca, en compagnie de Mohammed Ghazi, nationaliste connu, également domicilié à Salé.
Ces deux indigènes sont descendus chez Moulay Hassan ben Seddik Alaoui, ex-nadir, nationaliste notoire, qui a déjà fait l'objet de plusieurs rapports.
Bien qu'ils aient laissé entendre que leur voyage avait pour but de rendre visite à sidi El Kébir Fassi, secrétaire à la Mahakma, en traîtement à l'hôpital Mauchamp, les renseignements en ma possession permettent de supposer que les intéressés avaient surtout l'intention de prendre contact avec Hamed ben Lahcen, dépositaire de journaux, frère d'Abdelkader Hassan, récemment condamné à 6 mois de prison pour détention de tracts.
Ils se sont, en effet, rendus au magasin de ce dernier et ils sont repartis le lendemain 7 pour Casablanca sans avoir vu sidi ElKébir.
Signé: Le Commissaire Divisionnaire Poinset
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Le Chef du Cercle de Chaouia sud à Mr le Contrôleur Civil chef de la Région de Casablanca
Settat, le 25 novembre 1939
Saïd Hajji et Fqih Ghazi qui ont fait l'objet de ma lettre No 338 C. du 4 novembre courant, ont poursuivi leur voyage sur Marrakech, Mazagan (El Jadida) et Mogador (Essaouira). Le bruit court que ces deux personnages auraient reçu une mission officieuse des Autorités Françaises et qu'ils seraient chargés de se rendre auprès de tous les indigènes mis en résidence forcée pour les inciter à adopter une attitude empreinte de loyalisme.
Signé: Coliac
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Le Contrôleur Civil Chef de la Région de Casablanca à Mr le Directeur des Affaires Politiques - Rabat
Comme suite à ma lettre No 3369 du 10 novembre 1939, j'ai l'honneur de vous faire parvenir sous ce pli, à toutes fins que vous voudrez bien juger utiles, copie d'un bulletin de renseignements No 360C, qui m'est adressé par Mr le Chef du Cercle de Chaouia-sud
Signature illisible
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Note adressée en date du 26 octobre 1940 au Directeur des Affaires Politiques
Saïd Hajji sollicite une audience du Général. Il désirerait être autorisé à faire paraître une revue hebdomadaire à caractère littéraire et artistique, du genre des numéros spéciaux de "Maghrib" qu'il faisait paraître pendant la guerre. Il donnerait également au Général des renseignements sur l'évolution de l'état d'esprit des "jeunes". Il paraît probable qu'il abordera, de nouveau, la question des déportés en ce qui concerne particulièrement Omar ben Abdeljalil.
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Note adressée par le Chef du Centre de Documentation et de Publications Musulmanes au Directeur des Affaires politiques en date du 7 novembre 1940
Si Saïd Hajji, Directeur du journal "Almaghrib" de Salé, a apporté hier au Centre de Documentation et de Publications Musulmanes une poésie dédiée à la jeunesse marocaine et un exposé sur la Fête du Trône et l'histoire de la dynastie alaouite que leurs auteurs les nommés Mustafa El Gharbaoui et Ben Al Hassan, tous deux de Casablanca, voudraient faire paraître à l'occasion de la Fête du Trône. Si Hajji a préconisé qu'il n'avait pas l'intention de publier ces travaux dans son journal, mais qu'il s'y intéressait tout de même parce qu'ils devaient être édités par son imprimerie.
Il a été aussitôt répondu que le Centre de Documentation et de Publications Musulmanes avait qualité pour examiner les quotidiens et périodiques arabes, mais que toutes les autres publications devaient faire l'objet d'une demande d'autorisation d'imprimer à adresser par l'intermédiaire des autorités locales de contrôle. Si Saïd Hajji a alors déclaré qu'il préférait abandonner son projet d'impression, en raison des lenteurs de cette procédure.
De l'examen des documents soumis, il ressort que des retranchements doivent être opérés avant publication. Dans l'exposé notamment, certains passages contiennent des critiques à l'adresse d'historiens marocains, en particulier Ahmed Naciri, auteur de l'Istiqsa et des éloges pour le moins exagérés prodigués au jeune tangérois Abdallah Guennoun, auteur de "Al Noubough Almaghribi" interdit au Maroc. Toutefois, ces modifications effectuées, il semble que poésie et exposé pourraient paraître sans inconvénient à l'occasion de la Fête du Trône.
Si la Section politique partage cette manière de voir, le C.D.P.M. pourrait soumettre dès maintenant les manuscrits à la Direction des Affaires Chérifiennes, et inviter l'imprimeur à adresser sa demande au Contrôle Civil de Salé. Cette célérité apportée dans l'accomplissement des formalités habituelles aurait, entre autres avantages, celui de donner au C.D.P.M. l'occasion de rendre un nouveau service au Directeur d'"Almaghrib" et de le faire un peu plus son obligé pour le plus grand bien de notre propagande à travers ce journal.
Noté en marge de cette lettre le commentaire suivant:
"Accord pour l'édition si les suppressions jugées nécessaires par le C.D.P.M. sont effectuées en temps voulu avant toute impression. le 8 - 11 - 1940".
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Lettre de Saïd Hajji à Mr Sicot, Directeur des Affaires politiques, en date du 8 avril 1941
Noté en bas de la lettre rédigée en arabe: "Si Saïd Hajji, Directeur du journal "Almaghrib" remercie vivement Mr le Directeur des Affaires Politiques des marques de sympathie qu'il a bien voulu lui témoigner à l'occasion du décès de son frère Mohammed et le prie d'agréer ses respectueuses salutations".
Autorisation délivrée par le Directeur des Affaires Politiques permettant à Saïd d'aller rencontrer Mohammed Elyazidi dans son lieu d'exil
Si Saïd Hajji, de Salé, est autorisé à se rendre à Ouaouizarth pour y rencontrer Si Mohammed Elyazidi. Il se présentera, à son arrivée, au Chef de la Circonscription d'Affaires Indigènes.
Copie conforme transmise à Mr le Général Chef de la Région (Secrétariat Général) - Marrakech
Pour information. Rabat, le 12 avril 1941 - Signé: Lebrun
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Note de renseignements datée du 11 juin 1941, adressée à la Direction des Affaires Politiques
Saïd Hajji, directeur du journal "Almaghrib", a profité de sa venue à Fès lors du voyage de Sa Majesté le Sultan pour rechercher des informateurs parmi les commerçants et employés des Services Municipaux. C'est ainsi qu'il a pu s'aboucher avec Abdelkrim Lazrak et Mohammed El Kettani du conseil municipal, et avec Mohammed Al Amrani, Smires et Souaf de Fès Jdid, tous trois employés aux Services Municipaux.
Copie conforme transmise pour information à Mr le Général chef de la Région (Secrétariat Général) - Fès
Rabat, le 11 juin 1941
Signé: Lebrun
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Renseignements précis sur l'activité des nationalistes à Fès
Extraits d'une lettre destinée à (deux mots illisibles) mais qui peuvent "avec beaucoup de volonté", désigner le "capitaine Clément" de la Direction des Affaires Politiques. Traduit de l'arabe, ce document qui émane d'un certain Kacem ben Abdeslam El Ghazi Senhaji de Fès a été intercepté le 11 juin 1941, et transmis pour information au C.C.C.P. Vichy et au B.C.T. Alger, et pour attribution à la Direction des Affaires Politiques. Il est en outre mentionné en bas du texte traduit la remarque suivante: Cette lettre, tombée au rebut pour non identification du destinataire a été remise ouverte au B.C.C.T. par l'Office des P.T.T.
Les nouveaux nationalistes forment un groupe chaque jour plus nombreux de commerçants et de notables de Fès qui ne cessent de se réunir, tandis que les journalistes Zhiri et Saïd Hajji ont adhéré au nouveau (groupement) des nationalistes. Ils ont chargé des gens parmi les commerçants et employés des services municipaux de leur communiquer les secrets de Fès et de sa banlieue. Ce sont: Abdelkrim Lazrak, membre du conseil municipal, Smirès, secrétaire aux services municipaux, Mohammed El Amrani, employé aux services municipaux et Mohammed El Kettani, membre du conseil municipal. Voici ce que je sais pour le moment. Je vous donnerai d'autres détails lorsque j'aurai enquêté sur la situation de Fès, sur la Mandoubia, sur la banlieue, sur les chefs. Ceux-ci commettent des injustices dans les jugements qu'ils prononcent contre leurs administrés; et les autorités françaises n'exercent pas de contrôle car elles sont préoccupées par leur propre existence.
Le bruit qui court actuellement parmi eux au sujet de la guerre, c'est que les Français emploient une ruse (en) accord avec l'Angleterre afin que la commission d'armistice allemande ne leur retire pas leurs armes. Ils se posent en défenseurs de leur pays jusqu'au moment où ils auront atteint un degré de puissance qui leur permettra de se retourner contre l'Allemagne à laquelle ils porteront des coups qui la feront reculer et diminueront sa puissance. Mais celle-ci ne diminuera pas, au contraire, elle augmentera et la guerre durera trois ou cinq ans et deviendra mondiale. Ils redoutent le danger anglais pour les ports marocains de Rabat, Casablanca et autres. Actuellement, ils attendent le résultat de l'affaire de Suez. Si les Allemands s'en emparent, ils seront vainqueurs, tandis que s'ils ne peuvent s'en emparer, ils sauront qu'ils sont vaincus.
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Le Commissaire Chef de la Sûreté Régionale à Meknès à Mr le Directeur des Services de Sécurité Publique - Rabat
Meknès, le 4 Novembre 1941
1. Le directeur du journal arabe "Almaghrib" Saïd Hajji est venu de Salé à Meknès dans les derniers jours du mois d'octobre, en compagnie du frère de Mohammed Chemao, directeur du journal "Al widad". Ces deux personnes ont rendu visite au nommé Kacem Zhiri, nationaliste, premier rédacteur d'Almaghrib, venu à Meknès depuis environ un mois en invoquant des raisons de santé. La venue de Saïd Hajji et du frère de Mohammed Chemao est, d'après eux, motivée par leur désir d'augmenter le nombre de leurs abonnés et de voir les vendeurs de leurs journaux. Un rapprochement pourrait être fait entre ce déplacement et le bruit qui avait circulé au sujet de la création éventuelle d'un journal arabe, sans autres précisions pour nos services. La durée du séjour à Meknès de Saïd Hajji et de son compagnon aurait été d'une journée seulement, au cours de laquelle ils furent en contact avec Mohammed Ben Driss Ben Chakroun et avec d'autres nationalistes.
2. Le nommé Sidi Driss Alwazzani, actuellement en résidence forcée à Itzer, est venu à Meknès le 31 octobre. Interrogé par plusieurs nationalistes sur l'éventualité de la libération de son neveu, Driss Alwazzani aurait répondu que les conditions d'internement très douces qui étaient faites à ce dernier par les autorités françaises lui rendaient son séjour très acceptable, et qu'il n'était pas, à sa connaissance, question de sa libération.
Le Commissaire Chef de la Sûreté Régionale - Signé: Hyacinthe
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Note manuscrite, non signée, datée du 21 mars 1942:
40 jours après les obsèques de Saïd Hajji, et selon la tradition, les amis du défunt - Omar ben Abdeljalil en tête - se proposent de se réunir sur la tombe de leur ami. Il y aura des discours et, sans doute, une petite manifestation nationaliste.
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Note de renseignements adressée par le Commissaire Divisionnaire au Directeur des Services de Sécurité Publique
Rabat, le 20 avril 1942
A l'occasion du 40ème jour du décès de Si Saïd Hajji, une manifestation a été organisée le 19 courant, dans la salle de la Mamounia, par les étudiants, les anciens élèves, les Oulémas et les nationalistes de Salé. La séance a été ouverte à 16h10. Divers discours ont été prononcés par plusieurs personnes de Salé et notamment par Mohammed El Fassi des Hautes Etudes Marocaines, Boubker Zniber et Boubker Kadiri. Ce dernier, en termes émus, a fait l'éloge du regretté Saïd Hajji et retracé sa carrière. Il a aussi prononcé quelques paroles en l'honneur du grand historien le Fqih Ben Ali. Mille personnes environ assistaient à cette réunion, parmi lesquelles MM Bouzard, du Service des ravitaillements, Térézano, de la Région Civile de Rabat, S.E. Mekki Sbihi, khalifa du pacha de Salé et de nombreux nationalistes de Rabat et de Salé Aucun incident n'est à signaler.
Le commissaire divisionnaire - Signé: Cassan
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Note relative aux allocutions qui seront prononcées le 12 avril à l'occasion du 40ème jour du décès de Saïd Hajji
Référence: lettre No 5763 NR/2 du 31 mars 1942. - Textes soumis à l'examen du Centre de Documentation et de Publications Musulmanes
Texte No 1 - Fi Dimmati Allahi ya Saïd: Sous la protection de Dieu, O Saïd - Poème par Driss El Kettani, étudiant à la Karaouiyine
Texte No 2 - Nam fi Jiwari Allahi: Dors près de Dieu - Poème de Hammad Laraki, étudiant à la Karaouiyine
Texte No 3 - Aouatif Lubnaniya: Sentiments libanais par Michel Khayat de Casablanca
Texte No 4 - Saïd Assadiq: Saïd ou l'amitié sincère, par Hachmi Filali, membre du Comité Exécutif du Parti National
Texte No 5 - Saïd fi Atwari hayatihi: Saïd aux différentes phases de sa vie, par Boubker Zniber, jurisconsulte de Salé
Texte No 6 - Sowar min Achjan: Scènes de détresse, par Abdelghani Skirej, étudiant à la Karaouiyine
Texte No 7 - Cheikh Al chabab: le mentor de la jeunesse, par Abdelkébir Elfassi, secrétaire au Makhzen Central
Texte No 8 - Fi Jiwari Allahi: Au voisinage de Dieu, par Abdelkader Hassan de Marrakech
Texte No 9 - Mawt Al chabab idah: La mort d'un jeune homme est une exhortation, par Othmane Mtaï des Hautes Etudes Marocaines.
L'examen du texte de ces neuf allocutions n'a donné lieu à aucune observation. Elles ont toutes pour sujet les qualités morales et intellectuelles de Saïd Hajji, son oeuvre dans le domaine de la presse et l'exemple qu'il représentait pour la jeunesse.
Le texte de ces allocutions que les organisateurs de la cérémonie se proposent de faire lire au cours de la réunion sont également destinés à être publiés dans un numéro spécial d'"Almaghrib" qui doit paraître très prochainement. Les 9 textes ont été remis directement, après visa de la censure, à Si Kacem Zhiri, rédacteur au dit journal.
Texte No 10 - La Adri Ayahuma daâ lisahibihi: Je ne sais lequel des deux se plaint de la disparition de l'autre, par Haj Ahmed Maâninou de Salé (actuellement secrétaire du Parti Alwahda Almaghribia à Tétouan)
Texte No 11 - Al Adab fi Ayam Saïd: La littérature au temps de Saïd, par Ben Ahmed, étudiant à la Karaouiyine
Texte No 12 - Al dikra Alkhalida: Le souvenir éternel, par Bouchaïb Doukkali, instituteur à l'école musulmane de Mechra Bel Ksiri
Texte No 13 - Saïd rajoul Al Amal: Saïd l'homme de l'action, par Mohammed ben Larbi de Safi, étudiant à la Karaouiyine
Texte No 14 - Mata Saïd: Saïd est mort, par Haj Driss El Ghomari de Casablanca
Texte No 15 - Dam'â âla rouhi Saïd: Une larme sur l'âme de Saïd, par Mohammed Abdellaoui, étudiant à la Karaouiyine (Les 2 vers barrés au crayon rouge ont éteacute; censurés)
Texte No 16 - Saïd Bayna Fitratay Al zaman: Saïd entre deux époques, par Houssain Cherkaoui de Salé (la page 3, barrée au crayon rouge, a été censurée).
Texte No 17 - Saïd wa Almatbaâ: Saïd et l'imprimerie, par Omar Nejjar de Salé.
Le texte des allocutions numérotées de 10 à 17 n'appelle aucune observation, sous réserve des suppressions indiquées pour les numéros 15 et 16. Il y a lieu de souligner que l'allocution No 10 est signée Haj Ahmed Maâninou. Il s'agirait d'un nationaliste de Salé actuellement secrétaire du Parti "Al Wahda Almaghribia" de Mekki Naciri à Tétouan.
Un poème signé Mohammed El Kharraf a été retenu au Centre de Documentation et de Publications Musulmanes pour examen approfondi du texte.
Par ailleurs, Si Kacem Zhiri a remis directement au C.D.P.M., hier 7 avril, deux nouvelles allocutions émanant l'une de Haj Omar ben Abdeljalil et destinée à être lue par le Fqih Mohammed Ghazi, l'autre sans nom d'auteur et intitulée "Panégyrique d'un ami". Elles seront transmises à la Région de Rabat après examen.
Autres textes soumis à l'examen du Centre de Documentation et de Publications Musulmanes - Réf. lettre du 7 avril 1942
Texte No 20 - Maâ Saïd fi maydan Al Aâmal: Avec Saïd dans le domaine de l'action. Cette allocution qui ne porte aucune signature, émanerait de Boubker Kadiri, représentant du Parti National à Salé et collaborateur de Saïd Hajji au journal "Almaghrib". Elle consiste en un bref rappel des différentes étapes de la collaboration de Saïd Hajji et de Boubker Kadiri dans le domaine du journalisme, avec quelques allusions à leur travail commun dans le champ d'action du nationalisme. Les suppressions (soulignées au crayon rouge) apportées dans le texte enlèvent à ces allusions la plus grande partie de leur portée politique.
Texte No 21 - Bayna Assahafa wa Al Adab: De la presse à la littérature. Cette allocution ne porte aucun nom d'auteur. Elle a trait à l'activité journalistique de Saïd Hajji. De nombreuses suppressions ont été apportées. Elles sont soulignées en rouge.
Ces deux allocutions peuvent être lues sans inconvénient (sous réserve des suppressions y apportées). Il y aurait lieu de faire préciser le nom de l'auteur de chacune d'elles.
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Lettre adressée à Son Excellence le Grand Vizir sollicitant l'autorisation de transférer le journal "Almaghrib" au nom de Kacem Zhiri
Salé, le 7 avril 1942
Après les salutations et les formules laudatives d'usage
Je prie votre excellence de bien vouloir me prêter son appui pour le transfert du journal "Almaghrib", qui était tenu par mon fils, feu Saïd Hajji, à son plus grand et meilleur collaborateur Si Kacem Zhiri.
Suivent des voeux pour Sa Majesté Chérifienne
Signé: Ahmed Hajji
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Note de Renseignements établie par le Commissaire Chef de la Police des Renseignements Généraux
Rabat, le 8 décembre 1952
Il est signalé: Les journalistes du Parti de l'Istiqlal ont envoyé un télégramme de condoléances à l'Union Générale des Travailleurs Tunisiens à la suite de l'assassinat du leader Ferhat Hachad. Ce télégramme était signé par Abdeljalil Kabbaj, Mohammed Ghazi, Abderrahim Bouabid et Abdelkrim Hajji.
Signé: Le Commissaire Chef de la Police des Renseignements Généraux
J. Delachaux