Publications de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Université Mohammed V - Rabat

Page 579: Des éléments réfractaires au fascisme et redoutant l'expansionnisme allemand se montraient même disposés à coopérer avec la Résidence.

L'un d'entre eux fut Saïd Hajji, jeune nationaliste de Salé, soupçonné en 1937 de participation à la préparation d'un soulèvement général, et dont le frère Abdelkrim, domicilié à New York, bien connu pour ses idées nationalistes, adressa à la Résidence au cours des évènements d'octobre 1937 plusieurs télégrammes de protestations.

Son séjour au Caire et à Damas en qualité d'étudiant (1930-1934) après un an d'apprentissage de l'anglais à Londres, ses amitiés palestiniennes, ses contacts avec des directeurs de journaux de Jérusalem ayant publié ses articles sur le Maroc et, de manière générale, son exposition de la question palestinienne, ne semblent pas avoir suscité en lui de ressentiments particuliers à l'egard des juifs, ...les convictions l'ayant incité à s'associer à la fondation d'"Alwidad" (1929) ou illusionné sur les limites de la solidarité arabe et islamique, tout en insistant sur le rôle de l'Islam dans la préservation de l'identité marocaine et en réaffirmant son appui à la cause palestinienne, il invoqua ainsi dans son journal "Almaghrib" les principes de 1789, appela la Résidence à ménager l'avenir et à adopter une attitude plus conforme aux traditions de la France.

En dépit de critiques de radicaux hostiles à tout rapprochement avec Noguès, il persévéra dans sa quête d'un modus vivendi avec celui-ci, lequel l'avait fait arrêter en 1936, alla ensuite solliciter l'aval de Balafrej et Arsalane, critiqua les tentations de facilité et la désorientation de la jeunesse, et évita de polémiquer avec ceux qui traçaient des croix gammées et "vive Hitler" sur les murs de Salé.

Mohammed Kenbib