Le supplément culturel du journal "Almaghrib" - Nos 5 p. 69 et 6 p. 91 des 5 et 12 mai 1938
1. Description des festivités
Lorsque le printemps arrive et que la vie s'épanouit pour faire bon accueil à sa jeunesse, que la terre se couvre de verdure et les fleurs se présentent dans une féérie de couleurs et exhalent un parfum qui embaume les coeurs, que les oiseaux gazouillent sur les branches, appelant l'homme à reconnaître la beauté sacrée de la nature et à jouir d'un moment où il ne pense pas aux problèmes de la vie matérielle et s'oriente avec toutes ses sensations vers un univers où l'âme baigne dans le monde de la poésie et de l'esthétique, un monde de l'imaginaire et de la jouissance qu'aucune règle sociale ne limite ni aucune pulsion corporelle ne pousse, lorsque le printemps arrive, nous hâtons le pas pour nous y intégrer pendant quelques heures ou quelques jours que nous dérobons au temps qui passe pour tuer le temps.
Au coeur du printemps - jeunesse de la vie - l'être humain revivifie sa jeunesse et cueille de sa mer ondulée par une brise agréable sous un soleil radieux, des instants de bonheur qui sont ce dont on peut se souvenir le mieux dans la vie, ou plutôt qui sont eux-mêmes la vie. Toutes les peines que nous nous donnons au cours de notre existence tendent vers la sacralisation de la beauté; et le printemps n'est autre que la fine fleur de cette beauté arrivée au stade suprême de sa maturité.
La "Nouzha" (ou partie de plaisir) que nous organisons dans notre milieu marocain pendant la saison du printemps est l'un des aspects les plus agréables de notre vie. Son image reste gravée dans notre mémoire plus que tous les autres jours que nous passons à travailler ou à nous divertir à l'intérieur des murs de la ville pendant toute l'année. Tout ou presque s'efface de notre mémoire; nous perdons tout contact avec les traces des différentes étapes de notre passé, mais les jours heureux de ces sorties sont toujours présents à l'esprit et sont voués à une vie éternelle. Ils rappellent toujours le souvenir d'une excellente compagnie. Le plus vieux d'entre nous qui se met dans un coin de la pièce devant un feu pour se réchauffer, ne se remémore son passé pourtant riche en évènements que lorsqu'il évoque le mot "nouzha". On le voit alors pétiller de joie comme si le sang de la jeunesse se met à couler dans ses veines. Il s'engage dans une causerie des plus agréables et vous entretient d'une journée printanière qu'il a passée dans une sortie avec ses amis ou les membres de sa famille, alors que les aventures qu'il a vécues en ville ont complètement disparu de sa mémoire pour faire partie du néant.
La sortie, dans notre milieu, est entièrement liée au printemps qui se manifeste au Maroc dans toute sa splendeur. Après la saison d'été avec ses vents chauds, la saison d'automne avec ses feuilles mortes et la saison d'hiver avec ses larmes, le printemps arrive, le visage épanoui et riant. Nous nous hâtons de lui élever une statue, et nous dérobons du temps au temps pour nous abandonner à son air vivifiant, ses couleurs magiques et son réveil de l'état onirique. Le printemps vient à peine de faire son apparition que les gens sortent de la ville vers les jardins extra muros ou vers les rives du fleuve. Les familles se dirigent par petits groupes vers les lieux qu'elles choisissent pour leur sortie, chantant de belles strophes d'une voix mélodieuse. Telle est "la nouzha" que nous organisons avec les membres de la famille ou le cercle des amis. Mais comment se présente-t-elle en milieu étudiant où bouillonne le sang chaud de la jeunesse? C'est celà qui peut être considéré comme un miracle, et c'est celà la belle tradition qui nous a été léguée comme héritage, et qui a permis à notre milieu scolaire de se distinguer de celui des autres pays. Cette tradition est la source d'une poésie éternelle d'où jaillit le bonheur de la jeunesse au printemps de la vie.
Quelle est cette nation parmi tous les pays du monde qui accorde autant d'intérêt au printemps et à la jeunesse estudiantine, et qui organise chaque année une fête de couronnement d'un étudiant de sa grande Université? Quel est ce pays où le Roi lui-même accourt pour saluer "le sultan des tolbas" et le combler de cadeaux dans une atmosphère de joie et d'allégresse? C'est notre pays qui nous a transmis une telle tradition que nous conservons jalousement et dont nous sommes fiers. C'est notre pays qui veille à ce que le printemps soit une saison de jouissances. Nos deux capitales spirituelle et administrative jouent un rôle important dans la perpétuation de cette belle tradition et offrent aux jeunes des générations montantes un exemple vivant du sacre du printemps et de l'affection que la nation porte à ses étudiants.
Dans la ville éternelle de Fès où le printemps se présente dans tout son éclat et étale sa splendeur sur les rives de "Wady Aljawahir" (la rivière des perles), les étudiants regroupés au sein de leur campus universitaire adressent à Sa Majesté le Roi, l'éternel symbôle du pays, leur requête d'organiser leur fête traditionnelle, et le Roi bienaimé leur fait savoir par l'intermédiaire de son Grand Vizir qu'il acquiesce à leur demande. Les étudiants tiennent plusieurs réunions de mise au point des modalités d'organisation des festivités et annoncent la mise en surenchère du sultanat parmi les Tolbas venus de différentes régions du pays qui, dans le souci de parfaire leur éducation et leur culture, ont choisi de vivre loin de leur lieu natal et de leur famille pendant plusieurs années.
Le vendredi qui suit le jour de l'annonce de l'accord royal, les étudiants tiennent dans l'après-midi une réunion plénière au vaste patio de l'Université de la Karaouiyine. La surenchère est ouverte officiellement, avec la participation active de tous les étudiants et se déroule sur deux après-midi d'affilée avant de se solder par la désignation du candidat gagnant. La surenchère atteint quelquefois la somme de 20.000 francs et plus. Le gagnant se fait proclamer "Sultan des Tolbas". Après cette proclamation, il retourne à son établissement pour constituer son gouvernement avec les condisciples de son choix, auxquels il propose différents postes ministériels, des postes de chambellan, de chefs du Méchouar et de trésorier responsable des dépenses occasionnées par l'organisation des festivités qui durent quelques fois près de deux semaines. Ce trésorier n'est pas obligatoirement choisi parmi les étudiants. Les dépenses sont couvertes par la somme ayant servi à l'achat du privilège du sultanat, à laquelle viennent s'ajouter une subvention du gouvernement et des dons de quelques institutions de Fès, sans compter les impôts prélevés sur les notables de la ville sur ordre du "Sultan des Tolbas" qui prend à cet effet des décisions sous forme de notifications portant sa signature et son sceau. Le "Sultan des Tolbas" désigne son "Mohtasseb" qui doit savoir s'acquitter de sa mission avec humour et plaisanterie lors des tournées d'inspection qu'il sera appelé à effectuer dans les souks pour contrôler les prix, vérifier les balances et autres instruments de mesure, analyser les ventes, établir l'assiette des impôts, arrêter le niveau des contraventions de propos délibéré. Les commerçants paient tout ce qu'on exige d'eux de bon coeur, sachant qu'ils encouragent les étudiants dans leur belle entreprise et qu'ils participent de cette manière au succès de l'animation de cette fête de la jeunesse.
Le vendredi d'après, à 11 heures du matin, le "Sultan des Tolbas" quitte son école à la tête d'un cortège officiel formé de ses ministres et de ses chambellans. Sa Majesté le Roi lui envoie un cheval harnaché ainsi qu'un habillement complet. Elle lui délègue le chef des fêtes organisées au palais ainsi qu'une troupe de soldats et des assistants du pacha. Le cortège se rend d'abord à la mosquée "Al Andalous" pour la prière du vendredi. Ensuite, il se dirige vers le tombeau de Sidi Harazem devant lequel "le Sultan des Tolbas" se recueille. Pendant la marche du cortège ainsi qu'au cours de cette visite, les étudiants vendent des dattes au public des spectateurs à des prix très élevés atteignant par moments 10 francs la datte. Le produit de la vente vient s'ajouter à la somme destinée à faire face aux dépenses des festivités. Puis, "le Sultan des Tolbas" suivi de son cortège revient vers le soir à son école.
Le lendemain, après la prière du milieu de la journée, "le Sultan des Tolbas" et son cortège se dirigent vers le "souk des Attarines" (le marché des parfumeurs) et le quartier "Talaâ". Ils passent par la porte "Mahrouk", longent la route entre la ville nouvelle et la kasbah "Cherarda" en direction de la rivière de Fès, où le pacha de la ville nouvelle a fait dresser des tentes pour accueillir les étudiants et une tente pour lui-même, car il lui revient de veiller à la sécurité au cours de la fête. Les plus grandes et les plus belles tentes sont réservées pour la prière. Elles sont installées à proximité de la tente du "Sultan des Tolbas". Le trésorier distribue le produit de la collecte aux étudiants répartis en petits groupes dans les différentes tentes, tandis que le "Sultan des Tolbas" engage les dépenses sur le produit de ces entrées.
Les Fassis trouvent un grand plaisir à passer une journée ou deux en compagnie des étudiants. Ils se hâtent pour occuper un emplacement convenable sur les bords de leur belle rivière. Ils y dressent leurs tentes et emportent avec eux les provisions nécessaires. Les étudiants passent la journée du dimanche à se reposer et se divertir. Le lundi suivant est réservé à l'accueil d'un prince de la famille royale qui vient présider la fête au nom du Roi, et distribue des cadeaux en argent et en nature pour aider les étudiants à renouveler leurs provisions et faire face aux dépenses imprévues. Puis, c'est au tour des commerçants de présenter leurs cadeaux au nom de leurs professions. Les juifs et les représentants de la colonie européenne ne manquent pas au rendez-vous et offrent également des présents. Tout récemment encore, l'ordre des avocats de la ville de Fès a fait don d'une montre de grande valeur au "Sultan des Tolbas". Une intense activité "makhzénienne" a lieu sous la tente du "Sultan des Tolbas" pendant toute la journée. Les ministres préparent les projets de dahirs avec la collaboration de secrétaires choisis parmi leurs condisciples. Des plaisanteries humoristiques sont organisées pour divertir les étudiants. Le sixième jour de la fête, Sa Majesté le Roi en personne se dirige à la tête de son cortège officiel vers les rives de "Wadi Aljawahir" où les étudiants jouissent de la beauté du printemps. Il est salué par "le Sultan des Tolbas", qui monte ensuite à cheval pour faire face au Roi également assis sur son cheval.
Le "Sultan de l'Université" conserve toutes les prérogatives de son pouvoir. Il joue la comédie à la perfection, ce qui permet de voir à quel point le peuple marocain et ses dignes souverains apprécient la science et s'intéressent au monde étudiant. Cette constatation dénote d'un esprit réellement démocratique. Le gouvernement fait preuve d'une grande marque de respect vis-à-vis des hommes de demain. Le Roi devant lequel personne n'ose lever la voix se met au niveau des étudiants pour s'amuser avec eux. Le Roi du Maroc, qui régne sur un royaume aux vastes étendues et aux nombreuses agglomérations urbaines, ne voit dans les propos des étudiants que plaisanterie et badinage innocents. Il fait toutes sortes de concessions pour écouter leurs balivernes humoristiques. Le chef des festivités du "Sultan des Tolbas" se dresse en face du Roi, en présence d'une foule compacte de gens et lui dit à haute voix:
"Comment peux-tu, Roi ordinaire du Maroc, te présenter devant le plus grand des monarques sur terre, qui gouverne des millions de moustiques, de mouches, de fourmis, de crapauds et autres espèces d'insectes?"
Le Roi proteste en plaisantant, et "le Sultan des Tolbas" lui souhaite la bienvenue et l'autorise à séjourner dans son royaume. Sur ce, son orateur bouffon prend la parole et prononce devant les deux sultans en présence d'une très nombreuse assistance deux discours mettant en valeur "la grande bouffe" et remerciant Dieu d'avoir fait qu'elle existe pour satisfaire les estomacs aux appétits les plus gloutons.
Lorsque les deux discours prennent fin dans une atmosphère de joie et d'allégresse, le Roi demande au "Sultan des Tolbas" l'autorisation de se retirer. Celui-ci descend de son cheval, baise les pieds du Roi, et lui présente une liste de doléances, comprenant une demande d'élargissement d'un prisonnier de sa famille ou une demande d'emploi ou une exonération d'impôts. Ces doléances sont rédigées sous forme de dahir dûment arrêté et signé par "le Sultan des Tolbas". Au moment de partir, le Roi accorde aux étudiants la faveur de proroger la fête d'une semaine. Le dernier soir, "le Sultan des Tolbas" doit quitter secrètement le lieu de la fête et se rendre à son école, de peur que ses condisciples ne se révoltent par jeu contre lui, du moment qu'il devient un simple étudiant comme eux à l'issue de la fête et ne peut plus se prévaloir de la prééminence que lui donnait le titre de "Sultan des Tolbas".
Un ami de Fès m'a raconté que la jeunesse fassie avait monté il y avait une dizaine d'années une pièce de théâtre dans une grande salle de la ville, et qu'un des acteurs qui avait joué le rôle du Roi dans cette pièce s'était tellement convaincu qu'il était au dessus du commun de ses semblables qu'il avait souvent des altercations avec eux. Une telle situation explique pourquoi il est de tradition que "le Sultan des Tolbas" s'enfuit vers son établissement au dernier soir de la fête, car il n'est plus protégé par l'immunité de la fonction royale et ne peut donc être entouré par le respect qui lui était dû pendant les deux semaines que dura la fête. Si donc le temps de jouer sur scène une pièce de théâtre a été dommageable pour notre acteur de Fès, que pourrait-on dire de quelqu'un qui a dû jouer une pièce de théâtre avec comme scène la ville de Fès en liesse pendant une quinzaine de jours?
2. Son origine historique
Maintenant que j'ai décrit la fête et cité quelques passages d'un des discours qui y ont été prononcés, ne voyez-vous pas qu'il s'agit d'une belle tradition que nous avons le devoir de conserver, à laquelle nous devons nous intéresser en nous hâtant d'être parmi les premiers à y assister? Cet évènement reflète de manière durable l'intérêt porté par nos ancêtres à l'éducation et au monde étudiant. Mais quelle en est l'origine? Comment est-elle née? Comment expliquer que, dans le but de rehausser l'image de la culture, les Rois du Maroc jouent le jeu en donnant l'impression de renoncer à l'autorité qu'ils sont censés exercer sur les étudiants placés sous leur souveraineté et en acceptant de se mettre à leur niveau pour entendre d'eux des plaisanteries qui vont parfois jusqu'à toucher leur personne?
Les historiens marocains n'accordent pas à cet évènement tout l'intérêt qu'il mérite. Ils ne se sont jamais intéressés à en rechercher les origines, ni à en donner une description détaillée, pas plus qu'ils ne se sont donnés la peine de jeter la lumière sur ses valeurs symbôliques, ses enseignements que le temps a éternisés ainsi que la volonté du Maroc et de ses Souverains de le perpétuer en renouvelant l'autorisation aux étudiants de faire revivre chaque année cette tradition séculaire. Si les historiens arrivent un jour à nous entretenir de cette fête en détails, et nous en donnent une image circonstanciée de son évolution à travers les âges, ils éclaireront sans nul doute notre vie culturelle passée que nous ignorons quelque peu. Nous ne disposons que de rares indications rapportées par les manuels d'histoire pour nous aider à comprendre une légende qui circule en public sur l'origine de cette fête. Peut-être que ces indications et cette légende nous permettront-elles d'en savoir plus sur cette belle tradition.
D'après la légende, il semble que lorsque le Maroc vivait dans une période d'instabilité au moment de la décadence des Saâdiens, vivait dans les environs de Taza un riche négociant juif, du nom de Ben Mechaâl. On rapporte qu'il y avait fait une incursion territoriale, en était devenu le maître absolu, et a pu étendre son influence jusqu'à Fès où il aurait obligé les habitants à reconnaître son autorité morale et à lui envoyer chaque année, à titre de cadeau, la plus belle fille de la ville qu'il réunissait à son harem.
Pendant cette période, il y avait parmi les étudiants de la Karaouiyine un nommé Moulay Rachid Alaoui, qui s'est révolté contre cette humiliation, d'autant plus que la fille qui a été désignée cette année-là pour être remise comme cadeau au juif était d'origine noble et appartenait à la famille des Alaouis. Il s'est engagé dans une aventure extrêmement périlleuse en se travestissant comme une jeune fille et en se voilant pour être envoyé aux lieu et place de la fille qui était désignée. Il s'est fait accompagner de son trousseau prétendûment réparti dans une quarantaine de malles, après avoir pris soin de cacher dans chacune d'elles un de ses camarades étudiants armé jusqu'aux dents. Ben Mechaâl a souhaité la bienvenue à la soi-disante jeune fille qui lui était offerte et l'a admise chez lui avec tous les chargements qui l'accompagnaient. Mais aussitôt qu'il a fermé la porte, les étudiants sortirent de leurs cachettes et Moulay Rachid, fort de leur aide, a asséné à Ben Mechaâl un coup mortel. Ces mêmes étudiants ont par la suite reconnu Moulay Rachid comme souverain.
Moulay Rachid a voulu perpétuer les circonstances qui ont entouré cet acte d'allégeance et faire honneur aux étudiants qui ont aidé l'institution monarchique au Maroc à se débarrasser d'un tel despote. Il a donné l'ordre d'organiser chaque année une fête de couronnement d'un des étudiants de la grande université de la Karaouiyine. Même si les manuels d'histoire ignorent cette légende avec les rôles qui y ont été joués par les différents acteurs et les péripéties amoureuses qui en constituent le centre de l'intrigue, ils ne nient pas qu'à cette époque un riche juif du nom de Ben Méchaâl vivait dans la région de Taza, et que Moulay Rachid l'a dépossédé de toute sa fortune et l'a tué.
Dans "Almatani" qui a été publié vers 1170, on peut lire en résumé:
Moulay Rachid est venu rendre visite à un chef qui s'appelait "Cheikh Lawati", et pendant que son hôte lui faisait les honneurs de sa maison, il a vu un homme de grande allure, entouré de sa suite et de ses esclaves au milieu d'un grand nombre de chevaux, en train de s'adonner à l'exercice de la chasse avec une magnificence royale. Il a demandé qui c'était, et on lui a répondu: C'est "Ben Méchaâl", un ressortissant juif de Taza. Il a aussitôt bondi avec un couteau entre les dents. Lorsque "le Cheikh Lawati" l'a vu dans cet état, il lui a dit: "A votre service, Monseigneur, pour vous je ne porte d'affection ni pour la bourse ni pour la vie".
Moulay Rachid lui a alors ordonné de lever une troupe d'environ cinq cents hommes parmi les héros de ses amis et de la mettre à sa disposition pour qu'il aille tuer le juif. "Le Cheikh Lawati" a promis qu'aucun de ses héros ne lui fera fausse route. Il a été convenu avec eux de se diriger incognito et séparément vers la maison de Ben Méchaâl qui se trouvait à une demi-lieue de Taza dans une contrée sauvage. Puis, il a laissé le corps de troupe derrière lui et demanda l'hospitalité au juif qui a daigné la lui accorder. Les assaillants l'ont rejoint et encerclé la maison à la tombée de la nuit, sans que personne ne s'en rendît compte, mais sans perdre le contact avec Moulay Rachid au cas où il aurait besoin d'eux. Puis, profitant d'un instant où il se trouvait seul avec son hôte, il s'est rué sur lui et lui a porté un coup mortel. Les hommes de la troupe réussirent à pénetrer par ruse à l'intérieur de la maison, ce qui lui a permis de l'occuper et d'en saisir des objets de valeur et une très grande somme d'argent.
Le responsable en chef de la famille royale l'historien Ibn Zaydan a écrit dans son ouvrage "les perles précieuses", citant le livre "les faveurs de Dieu ou l'explication du poème d'Ibn Alwannan" :
"C'est Moulay Rachid qui a institué la fête des étudiants qui se déroule au printemps de chaque année à Fès et à Marrakech. Lorsqu'il a éliminé Ben Machaâl et saisi tous les biens qu'il possédait, il a organisé une fête grandiose à l'attention des étudiants qui l'accompagnaient et qui étaient au nombre de 500 environ".
Depuis lors, cette fête est entrée dans les moeurs et a été célebrée chaque année du vivant de Moulay Rachid et après sa disparition.