• Note du chef du Service du Contrôle Civil - Résidence Générale

le 14 octobre 1930: J'ai l'honneur de vous faire savoir que le nommé Ahmed Hajji, notable de Salé, s'est présenté à cette Direction et a demandé l'autorisation d'envoyer ses deux fils, Abdelkrim et Saïd, poursuivre leurs études à l'Université Islamique à Beyrouth.

Sidi Ahmed Hajji a exposé que ses fils avaient pris part au récent mouvement d'agitation à Salé. Pour les empêcher de retomber dans des errements regrettables, il lui paraît judicieux de les éloigner et de leur donner une occupation.

Déjà, au début de cette année, Sidi Ahmed Hajji avait manifesté l'intention de confier ses enfants à un collège de Naplouse (Palestine). Nous avions alors refusé d'accorder les passeports demandés, car nous estimions que l'évolution de nos jeunes protégés devait se faire par nous et pour nous et qu'il n'y avait ni raison ni intérêt à accepter qu'elle se fît par d'autres, contre nous.

Toutefois, la nouvelle requête présentée par Sidi Ahmed Hajji me paraît devoir être prise en considération. Je crois, en effet, qu'il ne serait pas opportun, du point de vue politique, d'empêcher de jeunes Marocains de bonne famille de compléter leur instruction dans un pays placé sous le mandat français et où il nous est d'ailleurs facile de les faire surveiller.

Je vous demanderai, en conséquence, de bien vouloir informer ce notable de ce que le Gouvernement du Protectorat est disposé à accorder les passeports nécessaires. Mais il faudra lui exposer nettement que cette mesure de bienveillance lui impose des obligations. Ses fils devront s'adonner exclusivement à leurs occupations scolaires, ne faire partie d'aucun comité à tendances politiques et s'abstenir de publier des articles, de quelque nature qu'ils soient, dans les journaux de langue arabe. Dans le cas où ils ne se conformeraient pas strictement à ces directives, ils seraient renvoyés au Maroc et rendus à leur famille.

Vous voudrez bien me faire connaître la date de leur départ pour Beyrouth afin que je puisse aviser, en temps voulu, le Haut Commissaire en Syrie, aux fins de surveillance.

  • Le Chef du Service du Contrôle Civil à Mr le Directeur Général des Affaires Indigènes

Bordereau d'envoi en date du 15 novembre 1930 comportant la transmission de la lettre du chef de la circonscription de Salé du 4 novembre 1930 et relative au départ pour l'Université Islamique de Beyrouth d'Abdelkrim et Saïd Hajji. Cette lettre portant la signature de Mr Gabrielli est destinée au Contrôleur Civil Chef de la Région de Rabat.

Comme suite à votre transmission No 3467 D. du 22 octobre et en exécution des prescriptions contenues dans la lettre No 1773 DAI du 14 du même mois, j'ai l'honneur de vous faire connaître que les deux fils Hajji (Saïd et Abdelkrim) ont quitté Salé à destination de Beyrouth, hier lundi par le train de 22h40 (passeports No 3937 et 3938 en date du 27 octobre 1930). Ils se rendent en Syrie par la voie Tanger-Marseille-Alexandrie. Avant leur départ, ces jeunes gens se sont engagés à ne faire partie d'aucun groupe à tendances politiques et à s'abstenir de publier ou d'inspirer aucun article dans les journaux de langue arabe.

  • Lettre du Résident Général Lucien Saint au Haut Commissaire de la République Française en Syrie et au Liban

le 25 novembre 1930: J'ai l'honneur de vous faire connaître que les deux frères Abdelkrim et Saïd Hajji ont quitté Salé le 3 Novembre dernier, à destination de Beyrouth, via Tanger-Marseille-Alexandrie. Ces deux jeunes gens, ressortissants français (?), titulaires des passeports No 3937 et 3938 en date du 27 octobre 1930, ont déclaré se rendre à Beyrouth pour y poursuivre leurs études à l'Université Islamique. Bien qu'ils aient pris part au mouvement d'agitation, consécutif à la parution du dahir du 16 mai 1930, sur l'organisation de la justice berbère, je n'ai pas cru devoir mettre obstacle à leur désir.

Toutefois, ils se sont engagés avant leur départ à s'adonner exclusivement à leurs occupations scolaires, à ne faire partie d'aucun comité à tendances politiques et à s'abstenir de publier des articles, de quelque nature qu'ils soient, dans les journaux de langue arabe. Dans le cas où ils s'écarteraient de cette ligne de conduite et qu'ils ne respecteraient pas leurs engagements, je vous serais très obligé de vouloir bien m'en aviser.

Au Chef du Service du Contrôle Civil - Résidence Générale (page 1/2)
Au Chef du Service du Contrôle Civil - Résidence Générale (page 2/2)

Au Chef du Service du Contrôle Civil - Résidence Générale

Le chef du Service du Contrôle Civil au D.G. des Affaires Indigènes

Le chef du Service du Contrôle Civil au D.G. des Affaires Indigènes

Le Contrôleur Civil de la Circonspection de Salé au Contrôleur Civil de la Région de Rabat

Le Contrôleur Civil de la Circonspection de Salé au Contrôleur Civil de la Région de Rabat