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La situation de la presse nationale au lendemain de l’indépendance du Maroc ne saurait être comparée à ce qu’elle était pendant la période du Protectorat. On doit porter à l’actif du Maroc indépendant d’avoir confirmé pendant les années de répression coloniale son attachement à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et adopté vers la fin de 1958 une série de textes législatifs qui ont été regroupés dans un “Code des Libertés Publiques” (source), avant d’être complétés en 1959 par le “Dahir sur la Procédure Pénale“.

Si nous comparons le régime qui venait ainsi d’être promulgué à la situation décrite par Said Hajji dans le texte soumis précédemment au débat, force nous sera de considérer comme un acquit la liberté de presse instaurée par le Code de 1959.

Malheureusement, une pseudo-réforme a été introduite en 1974 faisant subir au texte du Code des Libertés Publiques une série de modifications destinées à aggraver les dispositions relatives aux règles de procédure pénale. A partir de cette date, le Maroc a vécu sous un régime de quasi dictature, qualifié “d’années de plomb” jusqu’au début des années 90 où un certain changement s’annonçait avec l’institution d’un Conseil Consultatif des Droits de l’Homme et la création en 2001 d’un organe chargé de règler en toute équité les indemnisations devant être accordées aux victimes des mesures de répression ou de leurs ayant-droit.

Le Code des Libertés Publiques portant sur les lois relatives au droit d’association, de rassemblement et de la presse a fait l’objet de nombreux amendements, dont la révision du statut juridique des associations, la réforme du Code Pénal et l’adoption d’un nouveau Code de Procédure Pénale.

On aurait ainsi pu penser que la presse nationale avait retrouvé la liberté d’expression qui lui était déniée au cours des années de plomb. Mais, malgré ces changements, le pouvoir persistait et signait en continuant d’intervenir directement ou indirectement dans le secteur de la presse écrite:

  • En refusant l’autorisation de paraître à un certain nombre de périodiques se réclamant de l’opposition;
  • En recourant fréquemment aux mesures de saisie;
  • En engageant des poursuites judiciaires dans des procès d’opinion savamment orchestrés à l’encontre de la presse d’opposition.

Nous avons donc là suffisamment de points de repère pour procéder à une comparaison objective entre la situation de la presse telle que l’a décrite Said Hajji dans le texte soumis précédemment à la réflexion des lecteurs et celle à laquelle la presse marocaine se trouve confrontée depuis l’accession du pays à l’indépendance.