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Almaghrib - 10 mai 1937

Au Maroc septentrional et oriental, l'être humain perd connaissance des suites de la faim; et lorsqu'on essaie de lui porter secours, on le trouve tel un cadavre sans vie. Là-bas, les hommes s'abandonnent à l'indigence totale pour en finir avec les atrocités de la vie. Dieu est témoin que cette situation est pour le moins humiliante. L'homme expose ses griefs et crie famine après avoir été terrassé par la crise qui a eu raison de tout ce qu'il possédait. Il s'est alors mis à mendier un morceau de pain sans le trouver.

Pourquoi ne nous adressons-nous pas aux autres nations pour leur demander une aide humanitaire au profit de ceux parmi nos compatriotes qui meurent de faim? Les nations ont tendance, de nos jours, à se rapprocher les unes des autres pour porter à celles d'entre elles qui sont frappées par le fléau de la faim l'aide et l'assistance nécessaires pour réduire leur misère et leurs souffrances.

Il y a quelques années, une vaste souscription a été organisée à l'échelon de la planète en faveur des affamés de la Russie et des sinistrés de la Chine. Il y a quelques années aussi, les Marocains ont organisé une collecte de fonds et de vivres en faveur des victimes de la guerre en France et des sinistrés des inondations qui avaient ravagé ce pays. Pourquoi les nations aujourd'hui nanties ne nous aideraient-elles pas à leur tour, et pourquoi la France, protectrice du Maroc, ne participerait-elle pas à une action humanitaire pour nous aider à faire face au fléau de la misère dont nous souffrons à l'heure actuelle? Tel est l'appel que nous adressons au gouvernement avec l'espoir qu'il sera suivi d'effet. Les pays qui comptent parmi les Etats civilisés se doivent d'aider les pays en difficultés et d'y porter secours à personne en péril. La nation française, pour sa part, occupe le premier rang parmi ces nations.