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Almaghrib - La copie disponible ne fait pas paraître la date de parution, mais l'article aurait été publié à la veille du Congrès des étudiants prévu pour la mi-septembre 1937

Depuis des mois, les étudiants marocains ont demandé que l'aide et l'assistance nécessaires leur soient accordées pour terminer leurs études à l'étranger ou au Maroc, mais toutes leurs demandes ont été rejetées. La plupart de ces étudiants ont été livrés au désespoir en voyant qu'ils allaient au-devant d'un sombre avenir et qu'ils étaient contraints de renoncer à l'ambition qu'ils nourrissaient de poursuivre des études supérieures.

Ainsi, le Maroc a été condamné, comme tous les ans, à se priver de la formation d'un certain nombre d'étudiants parmi les plus intelligents des enfants scolarisables, et à faire face à une perte irremplaçable, compte tenu de la politique de la Direction de l'Enseignement qui constitue un obstacle majeur entre la jeunesse marocaine et la maturité éducationnelle à laquelle elle aspire.

Cette Direction s'arrange chaque année pour que le Marocain n'aille guère au-delà du certificat d'études primaires, en lui proposant des emplois mineurs pour le détourner de la poursuite de ses études, et en mettant devant tout élève inscrit au cycle secondaire une série d'obstacles, au point où il lui devient impossible d'aplanir toutes les difficultés qu'il rencontre au courant de ses études et se voit dans l'obligation de les interrompre et de quitter l'école, désespérant de l'avenir et entièrement lassé du présent.

Devant le refus opposé par la Direction de l'Enseignement aux demandes formulées par nos étudiants, les Marocains se sont sentis offusqués par cette conduite, connaissant les intentions malhonnêtes qui président à la mise en oeuvre délibérée de cette politique avec les conséquences désastreuses qu'elle entraîne sur la scolarisation de leurs enfants.

Les journaux nationaux ont publié des articles dénonçant cette politique suivie chaque année par la Direction de l'Enseignement. Un communiqué officieux a été diffusé la semaine dernière annonçant que les demandes introduites par les étudiants marocains cette année seront réexaminées à la lumière des crédits additionnels que son excellence le Résident Général de France à Rabat a l'intention d'affecter au budget réservé à l'éducation des musulmans.

Nous nous refusons de commenter un tel communiqué avant de prendre connaissance des mesures d'accompagnement qui seront prises pour octroyer les aides annoncées. Nous en avons assez des communiqués officiels, nous réclamons des crédits en faveur de nos étudiants, ainsi qu'une distribution de ces crédits qui soit juste et exempte de tout favoritisme.

Nous demandons la mise au point d'une procédure claire et nette pour que tous puissent en bénéficier et ne restent pas à la merci du bon vouloir de l'Administration de l'Enseignement à laquelle le Maroc dans son ensemble décerne un certificat de mauvaise conduite pour ses orientations et ses comportements inqualifiables vis-à-vis des enfants scolarisés.

Nous souhaitons que l'Administration examine avec célérité et en toute urgence les demandes qui lui ont été adressées pour que le communiqué qu'elle vient de publier ne soit pas un simple chiffon de papier comme tous les projets dont la réalisation avait été précédemment annoncée en faveur des Marocains et qui n'ont jamais connu d'exécution.

La presse marocaine sera la première à apprécier la position des instances supérieures dans cette affaire si elle voit qu'elle donne des résultats satisfaisants.