Imprimer
Également disponible :  Arabic (اللغة العربية)   English (United Kingdom) 

Cet article repris du tome 2, pages 146 et suivantes, de l'ouvrage d'Abou Bakr Kadiri sur Saïd Hajji où il a été publié sans que soit mentionnée la date de sa parution au journal Almaghrib, répond indirectement au discours prononcé par le Général Noguès le 9 novembre 1937 devant le conseil municipal de Fès, traitant les jeunes patriotes du Comité d'Action Nationale de "gamins manquant de maturité et se laissant manoeuvrer de l'étranger".

Un ami m'a demandé pourquoi je m'abstiens de répondre aux allégations qu'un journal vient de publier contre la jeunesse patriotique et le nationalisme marocain, allégations qui ont fourni à leur auteur l'occasion de donner libre cours à sa fantaisie en dénaturant la réalité, levant ainsi le voile sur la foncière méchanceté à laquelle il est enclin, ainsi que sur les véritables intentions et les buts tendancieux de sa publication.

En réalité, un journal qui se respecte n'entre pas dans ce genre de futilités et se doit de les ignorer. Le journal dont il est ici question n'exerce aucun impact sur le public des lecteurs qui, lui, est totalement acquis à la cause patriotique dont il connaît les objectifs et les orientations, et est parfaitement conscient que ses détracteurs ne cherchent à servir que leurs intérêts personnels, quitte à poursuivre des buts qui les déshonorent.

Y a -t- il au sein du milieu marocain quelqu'un qui entend de telles sottises sans qu'il les tourne au ridicule? Toute réponse aux allégations publiées par ce journal suppose une crainte de voir des opinions d'un tel niveau de bassesse s'installer dans l'esprit d'un certain nombre de personnes. Mais, comme chacun connaît l'intégrité du nationalisme marocain et est convaincu de la droiture de ses orientations, du bien-fondé de sa ligne de conduite, de la justesse de sa cause et des titres de noblesse qu'il tire de son combat pour la liberté, le fait de négliger de telles assertions est le seul moyen de les condamner à demeurer lettre morte au milieu de liasses de papier entassées les unes sur les autres.

Depuis le premier jour de son apparition, le nationalisme marocain s'est appuyé sur les valeurs de l'Islam et s'en est largement inspiré pour établir son Cahier des Revendications et finaliser son programme d'action. Cette référence aux valeurs de l'Islam n'a nullement été dictée par un quelconque fanatisme religieux, mais elle est le résultat d'une profonde réflexion sur les enseignements de notre religion qui allient la spiritualité éternelle à la transparence de l'esprit scientifique. Ces enseignements peuvent être considérés comme l'une des meilleures constitutions de la vie.

Les nationalistes marocains adhèrent aux valeurs de l'Islam avec toute la foi qui leur donne l'élan pour agir, à l'instar des générations qui les ont précédés et qui leur ont légué un passé glorieux et un prestige indéfectible. Ils savent qu'ils sont des patriotes qui croient en un Islam authentique, qui ne jure ni avec l'esprit de notre époque, ni avec les préoccupations de la vie, ni avec le souci d'élever la nation au rang qu'elle mérite et de propager les vertus du savoir parmi ses composantes sociales. Que celui qui leur attribue autre chose que celà ne s'en prenne qu'à lui-même, car il ignore la réalité et il a tout intérêt à apprendre le "b-a-ba" du nationalisme s'il veut s'y rapprocher.

Cette allégation qui tend à établir une divergence de vues entre le nationalisme marocain et l'Islam émanant d'un Marocain rappelle cette autre allégation qui attribue à des étrangers le fruit de ses propres activités. Des esprits malintentionnés ont cherché à dénaturer la réalité et se sont mis à attaquer le nationalisme marocain en l'accusant d'être le jouet d'influences extérieures, mais leurs tentatives ont vite été vouées à l'échec et leurs prétentions se sont vite volatilisées, depuis qu'il est apparu à tous que le nationalisme n'a jamais puisé son énergie en dehors de la force du Maroc, dominée par la foi que porte tout un chacun, et qui l'incite à se mettre au service de la communauté afin d'élever le niveau du pays au rang qu'il mérite, sans qu'il y ait besoin de recourir à une quelconque publicité ni de mettre à contribution ses contacts à l'étranger.

Toute allégation proférée contre le nationalisme marocain a été et sera toujours, non pas un instrument de démolition, mais un facteur de stabilité. La vérité ne se cache pas, et le résultat auquel elle conduit est d'amener la partie de l'opinion la moins avertie à bien connaître la vérité. L'histoire nous montre que les accusations portées contre ceux qui oeuvrent pour faire triompher les principes généraux du droit contribuent en fait à les encourager à persévérer dans l'accomplissement de leur longue et lourde tâche.

Que ceux qui cherchent à trouver une divergence de vues entre les enseignements de l'Islam et le nationalisme marocain se calment, et que se tranquillisent ceux qui ne trompent qu'eux-mêmes en prétendant que le nationalisme marocain est soumis à des influences étrangères. La futilité de ces deux allégations apparaît aussi clairement que la clarté du soleil en plein jour, et s'expose à l'hilarité générale.

Non, mon ami, je ne me donnerai pas la peine de répondre au quidam de cette publication. Celle-ci est trop insignifiante pour qu'on réponde à ses balivernes sans valeur.